Cérémonie du transfert des cendres de Jean Moulin au Panthéon
Cérémonie du transfert des cendres de Jean MOULIN au Panthéon. Emission spéciale de l'ORTF, retransmise sur France Inter le 19 décembre 1964.Reportage de Robert PIETRI au Panthéon où Charles de GAULLE vient d'arriver, accueilli par Jacques CHABAN DELMAS ;André MALRAUX, ministre d'Etat, chargé des affaires culturelles, prend la parole, et retrace le long parcours de Jean MOULIN au sein de la Résistance...(...) (A 20'50 :) "Comme LECLERC entra aux Invalides avec son cortège d'exaltation dans le soleil d'Afrique, entre ici, Jean MOULIN, avec ton terrible cortège. Avec ceux qui sont morts dans les caves sans avoir parlé, comme toi, et même, ce qui est peut-être plus atroce, en ayant parlé, avec tous les rayés et tous les tondus des camps de concentration, avec le dernier corps trébuchant des affreuses files de Nuit et Brouillard, enfin tombé sous les crosses ; avec les huit mille Françaises qui ne sont pas revenues des bagnes, avec la dernière femme morte à Ravensbruck pour avoir donné asile à l'un des nôtres ; entre avec le peuple né de l'ombre et disparu avec elles, nos frères dans l'ordre de la Nuit. Commémorant l'anniversaire de la Libération de Paris, je disais, écoute ce soir, jeunesse de mon pays, ces cloches d'anniversaire qui sonneront comme celles d'il y a quatorze ans. Puisses-tu cette fois les entendre, elles vont sonner pour toi." "L'hommage d'aujourd'hui n'appelle que le chant qui va s'élever maintenant, ce chant des partisans que j'ai entendu murmurer comme un chant de complicité, puis psalmodier dans le brouillard des Vosges et des bois d'Alsace, mêlé au cri perdu des moutons des tabors, quand les bazookas de Corrèze avançaient à la rencontre des chars de RUNDSTEDT lancés de nouveau contre Strasbourg. Ecoute aujourd'hui, jeunesse de France ce qui fut pour nous le chant du malheur. C'est la marche funèbre des cendres que voici. A côté de celles de CARNOT avec les soldats de l'an II, de celles de Victor HUGO avec Les Misérables, de celles de JAURES veillées par la Justice, qu'elles reposent avec leur long cortège d'ombres défigurées. Aujourd'hui, jeunesse, puisses-tu penser à cet homme comme tu aurais approché tes mains de sa pauvre face informe du dernier jour, de ses lèvres qui n'avaient pas parlé ; ce jour là, elle était le visage de la France "...(45')
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Générique | Journaliste : Robert Pietri Participant : André Malraux |