Misogynie, moqueries ou humiliations... Les députées victimes de sexisme, ça a commencé dès leur apparition à l’Assemblée nationale à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Le montage d'archives en tête d'article revient sur les remarques sexistes auxquelles elles ont dû faire face au fil des années.
En 1945, l'arrivée de la gente féminine dans l'hémicycle est décrite avec un certain dédain dans un reportage des Actualités françaises : « Dans la cour du palais, monsieur Herriot, le président du parti radical, monsieur Louis Marin et puis des femmes, des cocos et des socialistes...».
Voilà comment étaient présentées les 33 premières femmes élues députées cette année-là. Un sexisme ordinaire que l’on retrouve encore chez cette journaliste en 1963 qui s'intéressait plus à leur statut d'épouse qu'à leur mandat législatif : « Votre mari a-t-il accepté sans difficulté que vous exerciez ce mandat ? », ou encore, s'adressant à la députée Suzanne Ploux (1962 -1973) : « Votre vie familiale ne souffre-t-elle pas de votre activité parlementaire ? ».
En 1997, Nicole Catala, la vice-présidente de l'Assemblée nationale dénonçait le sexisme qui sévissait toujours au sein de l'institution : « Il est vrai, soit en commission ou en séance, il m’arrive de recueillir des interjections déplacées. »
En 2012, Cécile Duflot fait l'objet de quolibets et de sifflets alors qu'elle se présente au pupitre en robe fleurie. La scène est filmée. Des sifflets qui feront la une des médias. Mais non content de leur petit effet, certains députés persisteront à l'image de Jacques Myard député UMP qui déclarera : « Elle était très belle madame Duflot ce jour-là, très belle robe, souriante, elle a piqué son fard ! Bah, qu’elle pique son fard, on s’en fout.» Ou Charles Amédée de Courson, député UDI qui ajoutera : « Madame Duflot est une belle femme, moi j’aime les jolies femmes avec des robes ! ».
Même scène désobligeante l'année suivante. Alors que la députée Véronique Massonneau prend la parole, un collègue imite les caquètements d’une poule. Pour l'élue, c'est l'incompréhension : « Je ne pensais même pas que ça pouvait exister un comportement comme celui-là. »
S'en est trop. Pour la première fois, toutes les députées de gauche décident de marquer leur solidarité en entrant groupées dans l’hémicycle. De son côté, le député Philippe Le Ray, l'auteur des bruits désobligeants, sera sanctionné avec un rappel à l’ordre et privé d’un quart de son indemnité pendant un mois. Même sanction un an plus tard pour le député Julien Aubert qui avait manqué de respect à la présidente de l'Assemblée en refusant de féminiser son titre.
Malgré ces rappels à l’ordre et ces sanctions publiques, le sexisme dans l’hémicycle est toujours d'actualité. Les députées sont en première ligne, mais aussi les journalistes politiques qui décident de lancer une pétition en 2015, comme l'expliquera Anne Bourse : « On s’est aperçues qu’on avait toutes des anecdotes, pas sur des gestes déplacés, parce que ça, c'est extrêmement grave, mais on en avait toutes sur des propos sexistes déplacés. ». En 2017, ce sont les assistantes parlementaires qui décideront de prendre la parole à leur tour.
Ces exemples montrent comme il est encore difficile d'exclure le sexisme ordinaire dans l’enceinte même où le texte contre les violences sexistes a été voté.
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