En août 1994, le mouvement des talibans voit le jour. Des milliers de jeunes "théologiens" rejoignent la frontière afghane du Pakistan. Sur place, ils sont formés et armés. Le mouvement est soutenu en sous-main par le Pakistan, qui souhaite étendre son influence idéologique et militaire en Asie centrale. Des étudiants, majoritairement pachtounes, réfugiés le long de la frontière afghane, sont endoctrinés dans des écoles coraniques. Ils sont également formés pour la guerre. "Le canon et le Coran, ce sont les deux armes des islamistes afghans qui se sont jurés de prendre Kaboul..." Leur mission est simple et implacable : établir un Islam "pur", inspiré des principes les plus durs de la charia, loi canonique islamique. "Les gens sont très heureux, notre morale est très élevée et nous allons prendre Kaboul..."
Ces jeunes "théologiens" rallient par milliers les troupes du mollah Omar, leur chef.
Images rares du mollah Omar, 2002
En plus du soutien pakistanais, les talibans bénéficient des fonds de l'Arabie Saoudite et, jusqu'en 1997, du soutien logistique des États-Unis. Les américains abandonnent les talibans en 1998, lorsqu'ils refusent de leur livrer Oussama ben Laden, l'instigateur des attentats contre les ambassades américaines du Kenya et de Tanzanie.
Après celui du 11 septembre 2001, la rupture est définitive.
Financement du terrorisme, mars 1996
Un contexte favorable
Après des années de guerres internes et d'anarchie depuis la chute du communisme en 1992, les talibans bénéficient de la lassitude des populations pour rétablir l'ordre et la morale. Ils envahissent Kaboul fin septembre 1996.
Prise de Kaboul, 27 septembre 1996
Les intégristes veillent avec zèle à ce que la population afghane se plie - de gré ou de force - à leurs nouveaux devoirs. Dans les villes d'Afghanistan, les exécutions publiques, les lapidations, les mutilations de toutes sortes et les flagellations se multiplient.
Les femmes sont les premières victimes du régime. Elles sont murées sous leur voile intégral, interdites de travail et d'éducation.
Epuration ethnique menée par les talibans, 1999
Les vestiges de l'ancienne culture sont impitoyablement détruits, tels les Boudhhas Bamiyan en 1999.
Destruction des Bouhhas Bamiyan, 1999
Leurs adversaires
Parmi les principaux adversaires des talibans, on retrouve, dans la partie nord-est du pays, l'Alliance du Nord. Les troupes sont composées par d'anciens moudjahidines, de Tadjiks et autres sympathisants du gouvernement Rabanni. Ils sont menés par le charismatique général Massoud, devenu le symbole de cette résistance.
Résistance contre les talibans, 1997
Il est assassiné par les talibans le 9 septembre 2001.
Mort de Massoud, 15 septembre 2001
Une menace à éradiquer
L'arrivée des talibans aux commandes de l'État afghan ne soulève que peu de réactions internationales.
La peur à Kaboul, 2001
L'attentat du World Trade Center en septembre 2001 va tout changer.
Attentats du World Trade Center, septembre 2001
Le gouvernement américain est convaincu que le terroriste international Oussama ben Laden a orchestré toute l'opération et se cache en Afghanistan. Il lance un ultimatum au gouvernement taliban : "Livrez Oussama ben Laden à la justice américaine, où nous irons le chercher par la force".
Dès lors, le gouvernement pakistanais et l'Arabie Saoudite renient officiellement le mouvement taliban. Leur fin semble proche.
Soutien aux USA, octobre 2001
Des bombardements intensifs
Le commandement militaire américain et la coalition décident d'armer et de soutenir les troupes de l'Alliance du Nord dans leur lutte contre les talibans. Une période d'intenses bombardements débute.
Bombardements, octobre 2001
Le 12 novembre 2001, la capitale, Kaboul, passe sous contrôle des troupes de l'Alliance du Nord. Retranchés dans des grottes, les talibans sont vaincus en sept jours.
Capitulation des talibans, décembre 2001
Vers un gouvernement démocratique
L'objectif des Nations unies est alors de pérenniser la paix retrouvée et d'éviter la guerre après le départ des Américains de la région.
Le 5 décembre 2001, le traité de Bonn instaure un gouvernement de transition chargé de rétablir l'État afghan et d'amorcer sa reconstruction démocratique. Hamid Karzai, royaliste pachtoune, prend la présidence provisoire.
Nouveau gouvernement, décembre 2001
Les talibans après 2001
Les forces talibanes sont toujours dirigées par le mollah Omar et deux conseils de direction mis en place en 2003 et 2006. Ils ont "adouci" leur programme politique en renonçant par exemple au port obligatoire de la barbe ou à l'interdiction de la musique et du cinéma.
L'après talibans, 2001
Depuis 2005, les talibans multiplient cependant les contacts avec les seigneurs de guerre afghans. Ils ont noué une alliance contre le gouvernement Karzaï avec deux importants groupes hostiles.
Offensive US contre les talibans, 2009
A Kaboul, la vie s'est normalisée mais certaines zones rurales du sud pachtoune, surtout le long de la frontière avec le Pakistan, restent sous leur domination. Depuis 2006, plusieurs de leurs actions ont entraîné de vastes opérations de l'armée nationale afghane et des contingents de l'OTAN pour les contrer. La zone reste explosive.
Afghanistan : offensive des Talibans dans tout le pays, avril 2012
La mort du Mollah Omar, en 2013, n'empêche pas la reprise en main progressive par les talibans de pans entiers de l'Afghanistan, surtout depuis 2015, date à laquelle la grande partie du contingent occidental a quitté le pays, avec la fin de l'opération "Enduring Freedom".