En juin 1998, dans l'émission Thé ou café de Catherine Ceylac, l'artiste se confiait et évoquait son formidable amour de la vie, teinté de fatalisme. Un aspect plus sombre de sa personnalité visible lors de ses apparitions en tant qu'actrice, où il lui est arrivé d'incarner des rôles plus graves au cinéma ou pour des fictions à la télévision.
A propos de cette facette "dramatique", elle avoue : "vous n'êtes pas monolithique, sinon ça ne serait pas drôle du tout… Il y a des petites étincelles de joie. Moi je suis très optimiste et fataliste. C'est très important. "Inch Allah"… C'est écrit. Pourtant, je n'ai rien d'orientale, je suis très belge. Ce qui doit se faire se fait je pense. Ce qui ne doit pas se faire ne se fait pas et on fait autre chose…"
Annie Cordy est une artiste protéiforme. Au cours de sa carrière débutée dans les années 50, elle a enregistré plus de 700 chansons, joué dans une dizaine de comédies musicales et d'opérettes, une quarantaine de films, une trentaine de séries et téléfilms, une dizaine de pièces de théâtre, donné près de 10 000 galas…
Lorsqu'elle revient sur sa carrière d'actrice au cinéma et à la télévision, c'est pour se remémorer surtout les bons souvenirs de tournages de ses films de série B, dans lesquels elle partagea l'affiche avec Michel Serrault, Jean Poiret, Francis Blanche ou Jean Yanne. Des tournages sur lesquels elle s'amusait beaucoup.
Quant à son énergie et sa bonne humeur qui semble inépuisable, elle les prodigue sans compter à son public, elle les explique ainsi : "Je suis née dans une famille très gaie. Tous les matins on branchait la radio… Les coups durs, je les ai traversés par le travail…. Comme on dit "The show must go on" et notre métier est formidable pour ça. Pendant deux heures, on est ce que le public veut que nous soyons : une femme gaie qui a envie de partager sa bonne humeur. Je ne dis pas que l'on n'a pas des moments fugaces de personnes qu'on a perdues la veille mais bon, il faut assumer… Je ne conçois pas une vie sans travail, ce serait l'enfer pour moi…"
Bien qu'elle avoue ne pas aimer se retourner sur son passé. Annie Cordy l'évoque ici pour revenir sur l'origine de son pseudonyme.
L'artiste accepte de regarder dans le rétro lorsqu'il s'agit d'évoquer ses grands amis. Il y avait Maurice Chevalier, qui la suivit toute sa carrière et Luis Mariano, "un amour de garçon", dont elle évoque l'humour intarissable.
Originale, sans limites dans la pratique du divertissement, si ce n'est celles qu'elle s'impose, à propos de son image et de son public elle revendique son droit à la différence. Sa personnalité hors normes s'exprime notamment par des tenues extravagantes qu'elle assume. Écartant ses détracteurs, elle se concentre sur le bonheur qu'elle partage un public qui lui ressemble. A a fin de l'entretien, elle avoue que si elle n'avait pas été artiste, elle aurait été aide-sociale ou esthéticienne "pour rendre les gens plus beaux". Elle n'a pas peur de décevoir son public car ce n'est pas une sex-symbol mais une rigolote et on peut être rigolote à tout âge. Mais elle reste lucide : "Je suis très consciente dans ce métier et je travaille beaucoup…"
Anoblie par le roi des Belges Albert II qui l'a faite baronne en 2004, elle choisit pour devise "La passion fait la force", une devise qu'elle s'est appliquée sa vie durant.
Pour aller plus loin
Toute nos contenus sur Annie Cordy (vidéo et audio)
Radioscopie de Jacques chancel avec Annie Cordy le 23 janvier 1970 (audio, Premium)
Sur le même sujet