L'amiante, un matériau dangereux, mais incontournable dans les années 70

L'ACTU.

Pendant 8 mois, l'équipe de la série documentaire, « Vert de Rage » de France 5 a rassemblé les données déjà collectées en 2016 par l’ONS (L'observatoire national de la sécurité et de l'accessibilité des établissements d'enseignement) sur la présence d’amiante dans les écoles et groupes scolaires. Dans cette étude seules 30% des écoles avaient ainsi été passées au crible, avec ou sans amiante. La nouvelle étude a élargi le recensement en contactant toutes les écoles et les 35 077 mairies qui ont la responsabilité administrative des bâtiments scolaires élémentaires.

Parmi les 19 331 écoles de notre étude, 10 377 écoles détiennent un Diagnostic Technique Amiante (DTA). 52% d’entre elles contiennent de l’amiante.

Résistant aux températures extrêmes, aux agressions chimique ou électrique, très flexible, l'amiante a été l'un des matériaux incontournables de l'industrie et du bâtiment jusqu'à 1997, date de son interdiction. Sous sa forme friable, en feuilles, feutres, colles, mastics, plaques cartonnées, ou tressée ou tissée, l'amiante était utilisé partout. Il n'est donc pas étonnant d'en retrouver dans des bâtiments antérieurs à 1997.

L'ARCHIVE.

L'amiante était incontournable, mais s'il a fallu attendre la fin des années 1990 pour en interdire l'usage, sa dangerosité et son impact sur la santé était connue dès la fin des années 1970. Nous avons retrouvé dans nos archives une alerte qui date de 1976. À l'époque, le professeur Roger Tessier, pneumologue et cancérologue, expliquait déjà sur l'antenne de FR3 Bordeaux que l'amiante pouvait poser des problèmes de santé, justement à cause de son omniprésence dans la société : « on en trouve surtout dans les grandes zones industrielles, dans les zones de fabrication », précisait-il. S'il ne parlait passes bâtiments scolaires, il soulignait qu'on en trouvait « dans tous les usages domestiques, dans la construction, dans l'automobile ». Il précisait qu'il y en avait dans les garnitures de freins, dans les peintures modernes... de fait, dans tous procédés de construction du bâtiment en général.

L'amiante était également présent, expliquait-il, dans le cartonnage. le médecin se montrait rassurant quant à l'absence d'amiante dans les récipients et les contenants de produits de consommation, mais il déclarait qu'il devait en revanche y en avoir dans l'eau, « puisque les effluents industriels des usines qui traitent l'amiante peuvent se retrouver bien-sûr dans les eaux ».

Quant à l'air ambiant, Roger Tessier expliquait que ce n'était pas impossible d'en retrouver, notamment « dans les appartements neufs », où les habitants pouvaient très bien en inhaler à cause des peintures. Se voulant rassurant, même s'il reconnaissait que la maladie des poussières pouvait se transformer en cancer, il précisait que l'évolution cancérigène était très rare.

L'amiante un pare-feu très prisé

Nous l'avons vu l'amiante est quasiment incombustible, elle faisait partie des principaux matériaux des vêtements ignifugés. Dans l'archive ci-dessous, filmée en mai 1965 sur le circuit du Mans, le journaliste François Janin, revêtu d'une combinaison anti-feu en amiante « aluminisée », beaucoup plus « souple » que les anciens scaphandres rigides, discutait avec un pompier sur les avantages de ces tenues de premier secours qui permettaient de rester une dizaine de secondes dans les flammes. Puis démonstration impressionnante d'un sauvetage muni d'une combinaison.

Visite du leader français de fabrication d'amiante

La société Everitube, située en bordure de Garonne, fut l'un des fleurons de l'industrie de l'amiante, la télé lui consacrant de nombreux sujets, à une époque où ce matériau était indispensable à l'industrie et au bâtiment. Fondée en 1947, Everitube a compté jusqu'à 500 salariés en 1939. L'entreprise Everitube fabriquait des plaques ondulées et des tuyaux en alliage amiante ciment.

Le 27 mars 1969, l'établissement ouvrait ses portes au JT Aquitaine Midi. L’archive ci-dessous nous fait pénétere dans les ateliers de fabrication, situés à Bassens en Gironde. La superficie de l'entreprise couvrait alors 5 hectares.

Les caméras de FR3 étaient autorisées à suivre toutes les étapes de fabrication des plaques ondulées, plaques que l’on retrouve encore sur de nombreuses toitures de bâtiments. 500 tonnes de cet alliage sortaient chaque jour des emprises de l’usine.

L’autre grosse production d’Everitube était les tuyaux en alliage amiante-ciment, là encore les caméras suivaient le processus qui mènerait à la sortie en bout de chaîne d’un tuyau formé sur place, après être passé « à l’étuvage (120 degrés) et « au mûrissoir » (un arrosage) », étapes destinées à assurer la solidité des matériaux obtenus.

Le reportage s’achevait dans un hangar où l’on procédait justement à des tests de résistance. Une tôle pouvant supporter 570 kilos avant la rupture.

La production annuelle de plaques au label NF était alors de 95 000 tonnes par an pour les plaques et de 20 000 tonnes par an pour les tuyaux.

L'entreprise Evericube a définitivement fermé ses portes en 1987, ils étaient encore 280 à y travailler.