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Allonger le délai de l'IVG : une revendication ancienne

Allonger le délai de l'IVG : une revendication ancienne

L'Assemblée nationale examine un texte sur l'allongement du délai légal d'interruption volontaire de grossesse de 12 à 14 semaines. Depuis la loi Veil et la dépénalisation de l'avortement en 1975, ce délai de l'IVG s'est souvent retrouvé au coeur des débats.

Par la rédaction de l'INA - Publié le 29.11.2021
 

L'Assemblée nationale examine un texte sur l'allongement du délai légal d'interruption volontaire de grossesse de 12 à 14 semaines. Depuis la loi Veil et la dépénalisation de l'avortement en 1975, ce délai de l'IVG s'est souvent retrouvé au coeur des débats.

Le projet de loi sur l’interruption volontaire de grossesse (IVG) a été voté le 17 janvier 1975. Les femmes peuvent avorter jusqu’à 10 semaines de grossesse. La loi est promulguée à titre expérimental. C’est une avancée majeure de l’émancipation féminine. Mais très vite, les femmes enceintes se heurtent à des obstacles, notamment celui du délai. Les associations alertent sur le fait que ce délai de 10 semaines est trop court et que les femmes manquent souvent d'informations pour agir sereinement. Certaines femmes sont obligées d’avorter à l’étranger. Comme aux Pays-Bas où l’IVG peut se pratiquer jusqu’à 22 semaines de grossesse. L'archive en tête d'article revient sur les demandes récurrentes d'allongement de ce délai.

Une situation complexe comme le soulignait l'une des cliniciennes présentée dans ce montage. En 1993, Mick Hamers, directrice de clinique, constatait l'accroissement de Françaises à prendre en charge : "On peut dire qu’à Maastricht, il y a beaucoup de femmes qui viennent et d’autres qui vont à Leiden, où 70% de la population sont des Françaises. Ça fait presque 1500 femmes par an à Leiden seulement."

En France, où se faire avorter relève parfois du parcours du combattant, des femmes revendiquent un allongement de l’IVG. A l’image de la féministe et philosophe Elisabeth Badinter en 1999, 24 ans après la loi Veil : "Il y a urgence ! Et moi je pense qu’il n’y a pas de délai nécessaire pour allonger de deux ou trois ou quatre semaines. On évitera beaucoup de malheur !"

"C’est la poursuite d’un mouvement qui est celui de l’histoire des femmes"

Son coup de gueule est entendu. En 2000, Martine Aubry, alors ministre de l’Emploi et de la Solidarité, propose d’allonger le délai légal de l’avortement à 12 semaines. Soit deux semaines de plus. Elle déclarait alors : "C’est la poursuite d’un mouvement qui est celui de l’histoire des femmes. C’est d’abord le combat des associations féminines et féministes dont nous avons profité."

La loi Aubry-Guigou est adoptée le 4 juillet 2001. Mais malgré cette avancée, certaines femmes enceintes font encore face à des obstacles, c'est ce qu'expliquait Isabelle Louis, la responsable au planning familial en 2013: "La plupart du temps, on va mettre les femmes en faute. On va leur dire vous nous contactez trop tard. Ce n’est pas trop tard qu’elles contactent, c’est que les hôpitaux ne respectent pas les délais ou qu’il n’y a pas assez de médecins pour les avortements.”

En Europe, les délais pour pratiquer l’IVG diffèrent selon les pays. 10 semaines pour le Portugal ou la Croatie. Jusqu’à 24 semaines pour le Royaume-Uni. A l’inverse, sur l’île de Malte, l’IVG est puni de 3 ans d’emprisonnement. En France, entre 3000 et 5000 femmes vont avorter chaque année à l'étranger où la législation est plus souple.

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