Alain Maneval, «le cœur, le punk et les médias»

Alain Maneval, 69 ans, est mort des suites d'un cancer le 10 mars 2022. Cet homme des médias, passeur de musiques pop, rock et punk, est décédé à Fontaine-les-Coteaux (Loir-et-Cher).

A partir des années 1970, jusqu'à la fin des années 1980, il a animé plusieurs émissions de rock célèbres, à la radio d'abord, puis à la télé.

Dandy rock, écolo et déjanté, Alain Maneval a révolutionné les émissions musicales, et les amateurs de punk ou de rock indépendant se souviennent notamment de ses programmations pointues et éclectiques.

L’archive proposée en tête d’article est une interview de l’ancien animateur par Thierry Ardisson dans « Tout Le Monde En A Parlé » dans laquelle il revenait sur son parcours : son enfance à Saint-Etienne, ses expériences d’attaché de presse de nombreux artistes punk-rock, comme Star Shooter, Téléphone ou Iggy Pop, son amour du punk, ses histoires d’amour, ses émissions à succès.

Un électron libre

Ses aventures médiatiques ont débuté dans les radios libres, avant d’entrer à Europe 1 en 1978. C'est sur cette chaîne de radio, qu'il a lancé une émission devenue culte, « Po Go ». Un programme foisonnant et novateur enrichi de ses choix musicaux déjantés, « c’était l’époque du vinyle. J’achetais mes disques. Je faisais ce que je voulais », confiait-il.

Il sera finalement renvoyé de l’antenne pour avoir demandé à boycotter Shell à l’origine de la marée noire de l’Amoco Cadiz (l'un des principaux annonceurs de la radio). Après cette fin brutale, Alain Maneval allait se retrouver à la télé. Là, il présente plusieurs émissions musicales « Studio 3 », « Vinyle ». Mais c'est « Megahertz », à partir de 1982, qui lancera définitivement sa carrière médiatique.

En 1986, départ pour TV6 où il anime l’émission « Tam Tam ». Quand la chaîne s’arrêtera, remplacée par M6, il refuse de continuer : « je préfère sucer des cailloux, je ne suis pas un collabo », proclame-t-il.

De cette époque dorée et médiatique, il explique n'avoir rien gardé, l’argent ne l’ayant jamais intéressé : « Je n’habite nulle part, je n’ai pas de maison, je n’ai rien (...) Je me suis toujours fait virer », précisera-t-il.

Plus tard, il créera une chaîne marocaine (2M), puis deviendra directeur des programmes d’Arte.

Interrogé sur ses meilleurs moments par Thierry Ardisson, il raconte que c’était le sentiment d’exister, d’être « présent et mobile » pour filmer le rock d’alors,« et puis ramener le contenu ».

Cette vivacité, ce fourmillement, cette curiosité ne l’ont jamais quittés et séduisait toujours le public, mais sur Internet désormais, car aucune chaîne ne lui avait proposé de projets intéressants. Il continuait donc à faire de la programmation pour son public, « son clan », sur les réseaux et confiait que c’était le public qui lui donnait « la pêche ».

En fin d'émission, lorsque Thierry Ardisson lui demande quelle épitaphe il aimerait trouver sur sa pierre tombale à sa mort, il confie que ce serait une phrase tatouée en berbère sur son bras : «Souviens-toi du futur».