L'aide médicale d'État (AME) permet de prendre en charge les dépenses médicales des étrangers sans papier et sans ressource vivant en France. Depuis sa création, cette aide fait pourtant l'objet de vifs débats, notamment à droite.
C’est une bataille rangée qui dure depuis plus de 20 ans. D’un côté : les partis et gouvernements de droite veulent restreindre l’accès à l’aide médicale d'État. Comme Éric Ciotti en 2012 : « C’est inéquitable pour les Français qui eux paient cette franchise pour l’accès au soin. » De l’autre : la gauche et les associations qui s’inquiètent du sort des personnes vulnérables qui en bénéficient. Brian Parrish, de l'association «La Fraternité» à La Rochelle : « Comment les gens qui n’ont pas les moyens de travailler, les moyens d’existence, peuvent payer leurs soins ? On ne voit pas ».
Mais revenons au point de départ. L’AME entrait en vigueur en janvier 2000 sous l’impulsion du gouvernement Jospin. À peine deux ans plus tard, la droite redevenait majoritaire à l’Assemblée et passait à l’offensive. En décembre 2002, la télévision rapportait : « Le parlement a voté deux mesures mettant fin à la gratuité des soins pour les sans-papiers. Ce qui revient pour beaucoup à exclure les sans-papiers du système de soin. »
Réforme et contre-réforme
Face au tollé, la réforme était finalement enterrée. Mais pas pour longtemps. En 2010 : « Le gouvernement envisage de demander une participation de 30 euros par an aux bénéficiaires de l’aide médicale. » Et finalement, en 2011, la fin de la gratuité est votée par le gouvernement Fillon. Pourtant, un rapport remis quelques mois plus tôt déconseillait d’y toucher. « Le temps de voter la loi, le gouvernement a caché un rapport de l’inspection générale des affaires sociales. Un rapport qui ne recommande pas ce droit d’entrée de 30 euros, car, dit-il, il va entraîner deux effets : un accroissement des dépenses et des risques sanitaires sérieux. »
Dix-huit mois plus tard, la gauche de retour au pouvoir abrogeait la réforme. Puis 2013, contre-attaque de la droite : certains décident d’aller beaucoup plus loin et de supprimer l’AME. Hervé Mariton, député UMP (ex-LR) : « Je dénonce au fond le chemin trop facile qui est celui de l’immigré en situation irrégulière qui grâce à l’AME s’inscrit dans un schéma médical ordinaire. »
Aujourd’hui encore, détracteurs et défenseurs de l’AME campent sur leurs positions. Si en 20 ans, l’AME a plus que triplé son budget et doublé le nombre de ses bénéficiaires, elle ne représente que 0,5 % des dépenses de santé en France.