L'ACTU.
Le 5 octobre, dans un entretien accordé à «Ouest France», la ministre des Solidarités et des Familles Aurore Bergé a dévoilé les grandes lignes du grand plan aidants du gouvernement. Avec un objectif : « Permettre de prendre soin de ceux qui prennent soin des autres ». Le plan propose a minima aux aidants de bénéficier de « quinze jours de répit par an pour souffler. » Autre mesure annoncée par la ministre, la mise en place dans les départements d’« un service public d'autonomie », un guichet unique qui faciliterait les démarches des aidants.
Depuis plusieurs années, le vieillissement croissant de la population fait partie des enjeux ciblés par le gouvernement. En 2050, 4,8 millions de personnes auront 85 ans et plus, contre 1,5 million aujourd'hui.
Selon les chiffres du ministère de la Santé de février 2023, 8,8 millions d'adultes et 0,5 million de mineurs sont proches aidants, soit respectivement une personne sur six et un mineur sur vingt. Le pourcentage de proches aidants culmine aux alentours de 60 ans : entre 55 et 64 ans, une personne sur quatre est concernée.
Dès 2019, le gouvernement avait annoncé qu'il prendrait plusieurs mesures en faveur des aidants familiaux. Un statut reconnu depuis peu. Le montage d'archives en tête d'article revient sur la longue quête de reconnaissance des aidants.
LES ARCHIVES.
Jacques Chirac (Premier ministre entre 1986 et 1988) fut l'un des premiers à s'intéresser au sujet de manière officielle. Le vieillissement croissant de la population inquiétait le gouvernement. Face au manque de places dans les structures spécialisées, le Premier ministre Jacques Chirac appelait en 1988 à la solidarité nationale : « Nous devons assumer à leur égard nos responsabilités. » Il déclarait : « C'est ainsi qu'aujourd'hui deux Français sur dix ont un parent âgé à charge qui n'est plus autonome. »
Les aidants familiaux consacrent leur temps et leur énergie à un proche âgé et dépendant, dans l'une des archives de ce montage, une aidante décrivait son sort : « On est coincé un petit peu chez nous, on ne peut plus sortir, on ne peut plus inviter les amis qu'on veut. »
L'aide, qui apparaissait déjà comme indispensable, était peu reconnue à cette époque par les pouvoirs publics. Seules quelques initiatives locales de garde à domicile, un service non remboursé par les caisses de retraite, permettaient aux aidants de souffler pendant quelques jours.
Dans les années 90, pour s'entraider, les aidants familiaux commencèrent à se réunir en associations. Plus que du temps pour se reposer, ils réclamaient surtout une reconnaissance économique de leur investissement quotidien. Ainsi, le collectif Dépendance réclamait une reconnaissance du risque dépendance. Cette reconnaissance serait la première étape vers une meilleure prise en charge et une solidarité nationale comme tous les autres risques de la sécurité sociale.
Repos et aide financière
Cette demande resterait vaine jusqu'en 2006, date à laquelle le gouvernement annonçait la création d'un congé de soutien familial. Une pause de trois mois renouvelable, mais non rémunérée, accordée à tous les salariés pour s'occuper d'un parent dépendant. C'était une avancée notable dans la reconnaissance, mais insuffisante et difficile à concrétiser. C'est ce que témoignait une aidante qui gagnait le Smic : « Je pense qu'en effet ça peut être une bonne idée, mais que très peu de personnes pourront en bénéficier, dans la mesure où, avec un salaire un petit peu plus élevé que le Smic, en aucun cas, on peut se permettre de s'en priver. »
Dix ans plus tard, en 2016, un « droit de répit » entrait en vigueur. Pour la première fois, une aide financière de 500 euros/an était accordée à l'aidant. Un dispositif encore trop insuffisant, notamment pour ceux assumant la lourde charge de proches atteints d'Alzheimer qui nécessite une aide à temps plein.
En juillet 2019, Agnès Buzyn, la ministre de la Santé, annonçait une évolution majeure dans la reconnaissance du statut d'aidant. Un congé de proche-aidant (AJPA) pour un proche en situation de handicap ou une personne âgée en perte d’autonomie de trois mois.
Depuis le 1er janvier 2023, le montant journalier est fixé à 62,44 euros. Il indemnise le congé de proche aidant à hauteur de 66 jours.