L'ACTU.
Le pianiste de jazz Ahmad Jamal est mort des suites d'un cancer, chez lui, dimanche 16 avril, à l'âge de 92 ans. Sa vie entière a été consacrée à la musique, au jazz et au piano. Virtuose, il l’était, débutant le piano à l’oreille dès l’âge de 3 ans. Né le 2 juillet 1930 à Pittsburgh, Ahmad Jamal, Frederick Russell Jones de son vrai nom, était un pianiste précoce. S'il a brillé dans le monde du jazz, le prodige a d’abord suivi une formation classique, étudiant même des compositeurs français, tels Maurice Ravel et Claude Debussy. Devenu professionnel à 14 ans, il tourna dans tous les États-Unis à partir de ses 17 ans. Sa carrière démarra dans des big bands prestigieux comme « The Four Strings », rebaptisé ensuite « The Three Strings ».
Son premier disque, un 78 tours, est sorti en 1951. Suivra l’album qui fera de lui une icône du jazz, Ahmad Jamal Trio at the Pershing : But Not For Me. Il sera vendu à plus d’un million d'exemplaires. Dans les années 1960, lors d'une pause dans sa carrière, le jazzman a monté un club à Chicago, l'Alhambra, avant de rejoindre New York où il créa son propre label, le 20th Century. À partir des années 1970, il reprit ses tournées internationales. L’un de ses concerts français, enregistré au Studio 104 à Paris, le 25 juin 1971, est d'ailleurs resté dans les mémoires. Nous vous proposons de le réentendre en cliquant ici.
En 1994, il avait enregistré un album solo au piano, considéré comme un chef-d'œuvre du genre : Ahmad Jamal at home. Depuis l'artiste a continué à fréquenter les festivals du monde entrer, se produisant à plusieurs reprises en France. L’archive en tête d’article nous présente un portrait lors d'un passage à Marciac en 1998.
L'ARCHIVE.
Dans ce reportage du 12 août 1998, nous découvrons un Ahmad Jamal au sommet de sa forme. Invité au Festival de Jazz de Marciac dans le Gers, le pianiste avait remporté un énorme succès auprès du public friand de ses improvisations mémorables, car pour ce virtuose du jazz, tout était prétexte « à un jeu musical » précisait le commentaire.
Les premières images présentaient Ahmad Jamal en répétition, devant un public restreint, captivé par ce « Dieu descendu sur terre », à l’image du pianiste Thomas Shirman, jeune centralien amoureux du jazz, qui expliquait pourquoi on pouvait le qualifier de légende. D'une part grâce à sa « finesse », à son « honnêteté dans l’approche de la musique », mais surtout parce qu'il avait influencé tous les pianistes qui l’avaient suivi.
La suite du reportage donnait la parole à celui « qui avait pris l’apparence de la statue du commandeur » ironisait le journaliste. Pourtant, dans sa loge, Ahmad Jamal apparaissait décontracté, parlant de musique avec humilité. Lui affirmait ne pas jouer de jazz, mais de « la musique classique américaine ».
Devenu une référence, le journaliste soulignait qu'il avait pourtant introduit de « la rigueur » dans l’art de l’interprétation et que sa « désinvolture » n’était qu’apparente. Suivaient des images de l’artiste et de son Big band en concert le soir même. Après le set, Thomas rejoignait son maître dans les coulisses pour le remercier de jouer et obtenir un précieux autographe. Gêné par tant d’éloges, le musicien s'esquivait rapidement, avec un sourire mi-amusé, mi-étonné.
« Stompin' at the Savoy »
Nous vous proposons de découvrir ci-dessous une archive du 18 septembre 1995. De passage à Paris, Ahmad Jamal était venu jouer le morceau Stompin' at the Savoy dans l’émission de Laure Adler « Le cercle de minuit ». Deux minutes de bonheur, jugées trop courtes par l’animatrice.
Ahmad Jamal "Stompin' at the Savoy"
1995 - 02:05 - vidéo