Pour bien comprendre l'ampleur de l'événement, il faut rappeler que l'Allemagne nazie a déferlé sur la Hollande, la Belgique et les Ardennes à partir du 10 mai, mettant fin à cette « drôle de guerre » entre Alliés et Allemands, entamée en septembre 1939 lors de l'invasion allemande de la Pologne.
Désormais, les Français et leurs alliés britanniques savent que la vraie guerre sur le front ouest a commencé. Mais dès les premiers jours du combat, les états majors alliés, au premier rang desquels le généralissime français Maurice Gamelin, se fourvoient dans leur stratégie et tombent dans le piège tendu par les Allemands.
En effet, le plan de Gamelin consiste à parier sur la reprise par les Allemands du plan Schlieffen utilisé lors de l'invasion de la France à l'été 1914 : le passage des armées par la Belgique, à l'ouest du massif des Ardennes, réputé infranchissable.
Toute la stratégie défensive française de l'Entre-deux-guerre repose justement sur ce pari : construire la ligne Maginot de la Suisse aux premiers contreforts des Ardennes, qui restent peu défendus en raison de leur relief accidenté et des forêts qui semblent protéger leur pénétration. Puis, de l'ouest des Ardennes à la mer, protéger le reste de la frontière avec la Belgique par le déploiement de l'armée française. La ligne Maginot est en effet interrompue pour des raisons politiques, afin de ne pas froisser l'allié belge.
Le plan du général Manstein, adopté par Hitler, consiste justement à enfoncer les défenses françaises là où elles sont les plus démunies : les Ardennes. L'invasion commence par une diversion par la Hollande et la Belgique. Les Alliés tombent dans le piège et se portent selon leur plan en Belgique et jusqu'en Hollande à la rencontre de l'armée allemande. Pendant ce temps, les meilleures troupes du Troisième Reich, munies des meilleures divisions de panzers, foncent à travers les Ardennes pour prendre les Français à revers.
Malgré les missions de reconnaissance et les rapports faits à l'état-major français de l'avancée de troupes importantes dans la percée de Sedan, Gamelin refuse de voir l'évidence et les armées alliées se retrouvent bientôt coupées en deux : les Britanniques et une partie de l'armée française se retrouvent encerclés par les Allemands et entament une course vers la mer, tandis que le reste de l'armée française doit refluer vers le Sud.
Les Britanniques décident alors de sauver leur corps expéditionnaire et organisent l'opération Dynamo. Contre l'avis initial du général Weygand, qui a remplacé Gamelin à la tête de l'armée française le 17 mai, et qui a besoin des troupes britanniques pour son projet de contre-attaque, une partie des forces alliées commencent à être évacuées le 21 mai.
Jusqu'au 4 juin, et grâce au concours essentiel de l'armée française et belge ralentissant l'avancée allemande devant Dunkerque, mais aussi grâce à l'indécision de Hitler qui décide de temporiser, l'opération Dynamo permet le rapatriement de la grande majorité du corps expéditionnaire britannique, ainsi que 123 095 soldats français.
En tout, ce sont 338 226 hommes qui seront acheminés de l'autre côté de la Manche. Pour y parvenir, les pilotes de la RAF se livrent à des combats héroïques dans le ciel pour protéger les navires contre les chasseurs allemands. Sur les mers, la Royal Navy déploie toute l'étendue de sa puissance pour embarquer les hommes, épaulée par une armada de navires de la marine marchande : pêcheurs, particuliers, transporteurs, ferrys.
L'opération Dynamo est saluée outre-Manche comme une victoire, mais c'est en réalité un repli de plus pour les Alliés devant les Allemands. De plus, le retrait britannique contraint les Français à devoir continuer le combat seuls.
En revanche, la sauvegarde de l'armée britannique ainsi que le rapatriement de ces milliers de soldats français et belges permettra à l'Empire britannique la poursuite de la guerre contre le IIIe Reich.
Une confrontation entamée avec succès et héroïsme dès le mois de juillet 1940 avec la fameuse bataille d'Angleterre qui mettra un terme à la suprématie de la Lutwaffe dans les airs et signera le premier échec de Hitler sur le front occidental.