« À l’occasion des sommets de Newport en 2014, de Varsovie en 2016 et de Bruxelles en 2018, l’OTAN a décidé de renforcer la posture de défense et de dissuasion de l’Alliance. Les Alliés ont ainsi confirmé leur volonté de disposer d’une capacité de réaction en déployant des forces de présence non permanentes sur le territoire de certains Alliés », peut-on lire sur le site de la Représentation Permanente de la France auprès de l'OTAN.
La France s'engage alors dès mars 2017 en Estonie, le pays le plus septentrional des trois pays baltes, puis en décembre 2019 en Lituanie, avant de redéployer des forces en Estonie en 2019 dans le cadre d'une mission baptisée « Lynx ».
Aujourd'hui, alors que la guerre en Ukraine, lancée par Vladimir Poutine le 24 février donne toute sa pertinence à la défense par l'OTAN des pays proches de la Russie, 2000 de ses soldats, placés sous commandement britannique, sont en Estonie.
Le 24 mai 2017, France 3 part à la rencontre de soldats français en manoeuvre en Estonie. Le journaliste Bertrand Boyer suit la « vingtaine de blindés et 300 soldats français [qui] participent ce jour-là à un exercice. Installés pour 8 mois, ils sont intégrés à un bataillon de l’OTAN pour rassurer l’Estonie inquiète de l’activisme militaire russe. Mais côté français, on prend soin d’afficher une posture uniquement défensive. » Le lieutenant Yan, chef de section du 2e Régiment d’infanterie de marine, dispense en effet un discours très policé : « On joue du Sud vers le Nord, donc ne on joue pas du tout face à la Russie, on fait juste un entraînement avec nos alliés britanniques. » Un discours que décortique le Lieutenant-Colonel Lionel, conseiller en communication du détachement français de la mission Lynx : « On parle d’adversaire, pas d’ennemi [...] ». Autre élément qui montre l'attention des troupes de l'OTAN à ne pas se montrer trop offensive, « on autorise pas nos soldats à approcher à moins de 5 km de la frontière russe en tenue » confie encore le Lieutenant-Colonel Lionel.
Ces soldats français, mais aussi britanniques, et d'autres nationalités, sont présents au nom de l'OTAN à la « demande des pays baltes et de la Pologne ». D'ailleurs, dans l'armée estonienne, on prend moins de gants pour évoquer le voisin russe. Ainsi, le Général Indrek Sirel, commandant adjoint des forces de défense estoniennes, déclare aux caméras de France 3 : « On reconnait clairement que l’autre côté [la Russie, NDLR] a des capacités. Et on a vu récemment qu’il n’hésitait pas à utiliser la force [une allusion probable à la guerre dans le Donbass, NDLR]. Donc mon devoir en tant que militaire, c’est de me tenir prêt. »