Le 3 septembre 2015, quelques jours après que la chancelière Angela Merkel a montré la volonté de l'Allemagne de se montrer à la hauteur de la crise des réfugiés en lançant son fameux « Wir schaffen das ! (nous y arriverons !) », une photographie au sujet dramatique fait le tour du monde.
Au lancement du journal télévisé de 20h, David Pujadas la présente ainsi aux téléspectateurs de France 2 : « Celle que vous allez découvrir à provoqué une onde de choc en Europe, elle est dure, elle est difficile à soutenir, mais nous avons choisi nous aussi de vous la montrer comme la plupart des journaux du continent. C'est celle d'un jeune enfant, très jeune, sans vie sur une plage, un enfant syrien mort noyé après un naufrage, et cette photo est semble t-il en train d'accélérer la réaction européenne à cette crise. »
La photographie du petit Aylan Kurdi, âgé de trois ans, gisant face contre sable sur une plage du littoral turc, sous le regard d'un policier impuissant devant l'horreur de la scène, choque et devient le symbole de la crise des réfugiés de l'été 2015. « Une simple image peut-elle simplifier la perception des choses ? » s'interroge David Pujadas.
La photographie est reprise par les médias internationaux. En Grande-Bretagne, nous apprend le correspondant Loïc de la Mornais, « tous les journaux britanniques ont publié la photo du petit Aylan en Une ». Un réflexe que Jane Matinson, directrice média du quotidien The Guardian explique ainsi : « C'est cliché de dire cela, mais c'est précisément le type de photo dont on dit qu'elle vaut plus que 1000 mots. Cette image fait changer la nature du débat. »
Émotion à travers l'Europe
Le reportage cite pour preuve de ce changement rapide des mentalités l'image reprise par le quotidien conservateur The Sun en Une, alors que quelques mois auparavant il se montrait très sévère vis-à-vis des réfugiés, titrant notamment qu'il convenait « d'envoyer des bateaux de guerre contre les migrants ».
L'émotion parvient même jusqu'au plu haut sommet des États européens. David Cameron, Premier ministre du Royaume-Uni, met ainsi en avant le devoir d'humanité face à cette crise : « Quiconque a vu ses images ne peut qu'être ébranlé. En tant que père, je suis dévasté par la vision de ce petit garçon sur une plage. Le Royaume-Uni est une nation avec des valeurs morales, et nous prendrons nos responsabilités. »
En France, le président François Hollande déclare lors d'une conférence de presse penser « ici aux victimes qui ne sont jamais photographiées, qui sont ignorées. Et puis aux victimes futures si nous ne faisons rien ».
Une référence à la guerre civile qui déchire la Syrie depuis 2011 et pousse des centaines de milliers de réfugiés sur les routes de la Turquie et de l'Europe.