Alors que la guerre fait toujours rage en Ukraine depuis le 24 février, date du début de l’invasion russe, et qu’à ce jour près de 3 millions d’Ukrainiens ont dû quitter leur pays pour se réfugier dans les pays frontaliers, notamment en Pologne, Roumanie, Hongrie et Moldavie, nous avons retrouvé dans les archives de l’INA un reportage, diffusé en 2014, qui évoque l’histoire d’une communauté ukrainienne installée en France depuis des décennies, et plus précisément dans la petite ville de Châlette-sur-Loing, dans le Loiret.
Le reportage, diffusé dans le journal télévisé de France 3 Edition Centre le 22 février 2014, donne la parole à Grégoire Lagodjdiuk, président de l’association des cosaques ukrainiens en France, et citoyen français d’origine ukrainienne engagé pour la défense de sa culture à Châlette-sur-Loing. Une interview dans le contexte très particulier de la révolution de l’«Euromaïdan», et des journées sanglantes des 18 et 20 février qui se sont soldées à Kiev par la mort d’environ 80 personnes, principalement des manifestants tués par les forces de l’ordre.
Châlette-sur-Loing, près de Montargis, fut longtemps une petite Ukraine. Un article de France Bleu nous apprend que c’est dans les années 1920 et 1930 que de nombreux Ukrainiens et des Russes « blancs » ayant fui l’URSS trouvent un emploi dans l’usine Hutchinson de la ville, dont un des quartiers, Vésines, est vite surnommé « la petite Ukraine ». Symbole de cette communauté, la troupe de danse traditionnelle des Cosaques zaporogues de Chalette, mise en avant au fil des ans par plusieurs reportages de France 3 Centre.
«Mon pays de coeur»
En 2014, alors que la présence ukrainienne à Châlette-sur-Loing est toujours visible matériellement à travers son église orthodoxe, son cimetière, son buste du grand poète de langue ukrainienne Taras Chevtchenko (1814-1861), ses habitants sont moins qu’auparavant à se réclamer d’origine ukrainienne, la ville s’étant ouverte depuis à d’autres horizons.
Mais Grégoire Lagodjdiuk continue à maintenir le souvenir de cette communauté vivant, et à ressentir dans sa chair la douleur des événements survenus en février 2014 à Kiev : « J’essaye au maximum d’avoir le plus de renseignements possible. Parce que ça m’intéresse, c’est mon pays de cœur, ce sont mes racines, les racines de mes parents. » Ancien directeur du ballet des Cosaques zaporogues de Chalette, il confie à la caméra de France 3 souhaiter que [la situation de violence en Ukraine] « s’arrête ». « Je voudrais que les gens s’embrassent non plus comme des frères ennemis, mais qu’ils soient le peuple ukrainien. » Déchiré par le bain de sang de la place Maïdan, il veut néanmoins rester optimiste pour l’avenir : « Les 100 [personnes] qui sont mortes hier sur le Maïdan [le bilan, imprécis, est plutôt autour de 80 personnes, NDLR] ont donné leur vie pour que l’Ukraine soit comme elles l’ont voulu. C’est triste, mais en même temps il y a l’espoir de quelque chose de nouveau. »
Huit ans après, c'est une guerre impitoyable qui s'est abattue sur son pays d'origine.
Mais alors qu'en 2014 l'Ukraine était encore divisée en de nombreuses parties de son territoire entre « pro-Occidentaux » et « pro-Russes », la résistance acharnée de tout un peuple face à l'invasion des troupes russes démontre au monde entier l'unité du peuple ukrainien.
