L'industrie de la croisière est un sujet hautement inflammable qui divise depuis de nombreuses années les Vénitiens partagés entre la défense du patrimoine et de l'environnement de leur ville, et les considérations économiques d'une activité qui générait en 2019 entre 200 et 220 millions d'euros pour la cité des Doges. Mais les premiers, en lutte depuis des années pour que les énormes paquebots soient interdits de passage dans la lagune, ont obtenu gain de cause, avec l'interdiction, dès le 1er août, du passage des plus gros paquebots.
Le Premier ministre Mario Draghi a ainsi salué « une étape importante pour la préservation de la lagune vénitienne », soumise depuis des décennies au ballet continu des paquebots déversant des millions de visiteurs dans la ville.
En 2012, année du naufrage du Costa Concordia sur les côtes toscanes, un reportage de France 2 donnait la parole à des Vénitiens excédés par cette activité qu'ils jugeaient dangereuse pour leur ville. Silvo Testa expliquait ainsi que ces géants des mers « déplacent des milliers de tonnes d'eau, ce qui provoque des dommages énormes sur les fondations de la ville. » Le combat des opposants à la croisière était déjà relayé par certains responsables politiques, comme le sénateur de Venise Felice Casson : « Ils posent un énorme problème environnemental, on a calculé que le passage d'un seul de ces bateaux polluait en une seule journée comme 14 000 voitures. »
En juin 2019, les images d'un paquebot de croisière hors de contrôle heurtant un bateau de touristes et le quai du port de Venise avaient fait le tour du monde, démontrant le risque que faisaient courir ces géants des mers sur la cité des Doges, un patrimoine inestimable de l'humanité, classé à l'UNESCO en 1987.
Pour aller plus loin
- Les passages de paquebots à Venise : un reportage de France 2 diffusé le 1er février 2012.
- Venise entre économie touristique et écologie : un reportage de France 2 diffusé le 21 septembre 2013.