Depuis dimanche, des violences éclatent la nuit à Villeneuve-la-Garenne, dans les Hauts-de Seine, après qu'un jeune homme a été blessé dans un accident à moto impliquant la police. Tirs de mortiers d'artifices, poubelles incendiées... les forces de l'ordre ont répliqué par des gaz lacrymogènes. Ces tensions s'étendent également à d'autres communes, notamment en Seine-Saint-Denis.
Des tensions largement amplifiées par le confinement comme l'expliquait à France bleu Lakdar Kherfi, chef de projet à l'association "Médiation Nomade" dans une interview du 20 avril. Il pointe notamment du doigt, la disparition des rues des médiateurs, obligés de respecter les consignes de confinement. Qui sont ces médiateurs ? En 2011, ce reportage de Midi Pile Alsace nous présentait certains de ces "anges gardiens" des quartiers.
Dans les années 90, Mulhouse était l'une des villes pionnières à se munir de médiateur de quartiers. Leur rôle, être présents, se faire connaître de la population, aider aussi à détendre des situations parfois complexes, "Depuis près de vingt ans qu'ils sont là, dans chaque quartier de Mulhouse, les médiateurs se sont fait une place. Ils sont devenus l'oreille des habitants pour toutes ces petites choses qui tracassent. Comme les gamins des voisins…"
Chemise blanche à l'effigie de "Mulhouse médiation", trois médiateurs discutent avec les habitants qui se plaignent de recevoir des cailloux… Alain Magnen rassure cette dame : "vous n'hésitez pas à nous le dire et puis on va voir les parents." Il poursuit en décrivant leur quotidien de vigie : "chaque soir, on tourne sur le terrain. On fait les sorties d'écoles juste à côté (…) On aborde les gens facilement, ils nous connaissent. C'est une habitude de tourner sur le quartier, on a une permanence au bureau. On est là pour les recevoir, les écouter."
Dans le parc, tout se passe bien. Dans l'air de jeux, les médiateurs discutent avec les mamans. Le commentaire précise :
"Ni policier, ni copain, les médiateurs sont une catégorie à part dans la ville. Ils n'ont pas d'autre pouvoir que la parole. De temps en temps, en cas de conflit ils réunissent les deux parties autour d'un thé et ça s'arrête là."
Larbi Fekier, médiateur depuis 2009 explique : "on a créé des outils pour évaluer l'évolution des situations et on peut dire scientifiquement, par rapport à nos outils, qu'on a plus de 80% de réussite !"
A l'époque, de simples vacataires, les médiateurs de Mulhouse devaient devenir professionnels. Une reconnaissance de leur utilité pour la société.
Focus sur "Médiation nomade"
Depuis huit ans, le camion de "Médiation nomade" se gare en bas des immeubles de 20h00 à minuit dans les quartiers populaires de toute la France et ses médiateurs rencontrent des jeunes, leur proposent des soirées thématiques. "La parole c'est plus fort que la violence"
9H50 le matin : interview de Yazid Kherfi : fondateur de l'association "Médiation nomade" (présente dans 47 villes et 64 quartiers). Il pointe du doigt l'ennui des adolescents dans les quartiers. (19 septembre 2018)
9H50 le matin : interview de Yazid Kherfi : fondateur de l'association "Médiation nomade". Il rappelle l'importance du dialogue humain, revient sur la prison et ses manquements, les financements de son association, le rôle des pouvoirs publics. (19 septembre 2018)
L'article de France Bleu : Violences à Villeneuve-la-Garenne : "le confinement n'arrange pas les choses" selon les médiateurs de rue. Par Hajera Mohammad, France Bleu Paris (Lundi 20 avril 2020)