Samedi 1er mai, alors que la manifestation parisienne se déroulait normalement, un fourgon de la CGT Essonne a d'abord été pris pour cible par des manifestants, certains Gilets jaunes, d’autres habillés de noir : insultes, projectiles, pour se terminer en bagarre générale. Des individus ont ensuite attaqué plusieurs des fourgons syndicaux utilisés par les sections départementales. Il s'agit d'un affrontement inédit pour les membres de la sécurité syndicale, habitués à encadrer et surveiller les défilés mais surtout à repérer et éviter les débordements.
Nous avons retrouvé ce reportage du JT Lorraine du 28 octobre 2010 dans lequel nous assistons à la préparation d'une manifestation par le service d'ordre de la CGT, à Nancy. Le rôle de ce cordon de protection est d'anticiper et de réagir au mieux, face à des individus potentiellement violents. Mais ce jour-là, les volontaires sont plutôt confiants. Les syndicalistes connaissent le parcours par cœur et savent où se positionner pour encadrer les manifestants. Pour ce défilé, ils seront dispersés en petits groupes de deux ou trois tout le long du parcours. Ils vont "veiller au grain". D'autres fois, la sécurité se place en cordon, de part et d'autre du cortège. Pascal Debay, le secrétaire général CGT 54, aborde la surveillance sereinement : "On n'a jamais été, pour l'instant, confronté à des violences ou ce genre de choses (...) On est vigilant, on est très vigilant. Si on repère certains individus qui ont l'air un peu agités, ou qu'on soupçonne qu'ils aient, par exemple, des barres de fer ou ce genre de chose... Bon les copains, ils vont y aller à plusieurs, gentiment ,discuter avec la personne".
Expérience et instinct
Nous retrouvons le service d'ordre au départ de la manifestation. Bien qu'optimistes, les volontaires sont concentrés et sur le qui-vive. Pas question de laisser des casseurs ou des fauteurs de troubles s'infiltrer dans le cortège. Gérard Holzhammer, un membre du service d'ordre, fait confiance à son expérience et à son instinct : "On reconnaît les gens qui sont opposants à certaines méthodes. Il y a des vérifications à faire. Et si on a un problème, on ne prend pas de risque. Les forces de police sont là pour faire leur boulot."
La collaboration entre les services d'ordre syndicaux et la police est habituelle dans le maintien de la sécurité du cortège. C'est peut-être ce qui a provoqué la montée des heurts ce 1er mai 2021, où des membres d'un Black bloc ont attaqué des membres du service de sécurité de la CGT, au cri de de "collabos". Les membres de la CGT ont dû se réfugier à une extrémité de la place de la Nation pour être protégés par les policiers. Dans un communiqué, la CGT reconnait avoir été "avoir été particulièrement ciblée" et a déploré "21 blessés, dont 4 graves" parmi son staff d'encadrement.
Pour aller plus loin :
Des violences se sont déroulées pendant les manifestations du 1er mai 1970, place de la Bastille. (1er mai 1970) et Jean Dréan, responsable du service d'ordre de manifestation : "Succès de la manifestation, mais des groupes gauchistes et PSU ont essayé de s'infiltrer dans la manifestation en violation des consignes a-politiques. Il y a eu des affrontements hors cortège."
Manifestation contre le chômage, la misère. Une petite bagarre éclate entre le service d'ordre de la CGT "plutôt musclé" et des casseurs.(12 mars 1994)