En mai 2009, en pleine grippe porcine (H1N1), la France passait commande auprès de l'entreprise roannaise Deltalyo & Valmy qui s'organisait pour répondre aux demandes.
"Depuis une semaine, le fabricant roannais de masques Deltalyo & Valmy a embauché une dizaine d'intérimaires, dix autres arriveront la semaine prochaine et on attaquera 24h sur 24h à partir de lundi prochain, le temps de former suffisamment de personnel".
Viannet Brillat, le PDG confirme la montée en puissance de ses chaînes de production : "oui, on tourne à plein régime, par contre on tourne encore que 16 heures par jour."
Le commentaire précise : "L'objectif est de doubler la production. Dès lundi 420 000 masques à particules sortiront quotidiennement de l'usine. Les masques FFP2, ce sont ces protections qu'achètent en priorité les clients car ils filtrent 94 % des particules respirées. Ces cartons sont en partance pour l'Allemagne, ceux-là sont destinés au marché français car depuis la crise de la grippe aviaire, la société est en contrat avec l'Etat. Elle s'est engagée à lui fournir 50 millions d'unités."
Le PDG est optimiste quant à sa capacité à répondre à la demande : "En France, on est relativement prêts. On a beaucoup de masques en stock et on a anticipé sur cette crise alors que dans les autres pays européens, l'anticipation a été relativement plus faible."
A l'époque, l'entreprise avait un délai de livraison de cinq semaines.
Quelques mois plus tard, en septembre 2009, alors que la grippe était toujours d'actualité, deux millions d'investissement avaient permis à l'entreprise d'investir dans deux nouvelles machines et de passer de 20 personnes à 75 personnes en trois mois.
Yannick Chevalier, le directeur des ventes s'en réjouissait : "Notre objectif est de passer de 200 000 masques par jour à 500 000 masques par jour."
"Une fabrication 24h/24h et bientôt 7 jours sur 7 dont la qualité doit être irréprochable" ajoute le commentaire.
L'augmentation des commandes s'expliquait aussi par l'arrivée de nouveaux clients comme le confirmait Laurence Thimonier, responsable du marketing : "Notamment l'équivalent du ministère de la santé britannique qui nous commande des masques depuis le début de cette année et a augmenté ses commandes depuis quelques mois".
Le carnet de commandes de l'entreprise frisait les dix mois. Mais la fin du risque épidémique allait mettre un terme à la progression de l'entreprise. En septembre 2017, l'entreprise se retrouvait en redressement judiciaire et n'employait plus que 32 personnes. Autrefois leader de son secteur, elle s'apprêtait à faire face à un dépôt de bilan. Heureusement, en octobre 2017, le tribunal de commerce de Roanne validait la proposition de reprise du groupe Segetex. Seules 17 personnes allaient conserver leurs postes.
Avec l'épidémie de coronavirus, l'entreprise Valmy croule à nouveau sous les commandes. L'usine capable de fournir 1,5 millions de masques, a reçu cent fois plus de commandes. Privés des masques fabriqués en Chine, les commandes d'autres pays affluent également. Comme en 2009, Valmy envisage d'augmenter ses effectifs et de recruter au minimum cinquante personnes, pour renforcer sa chaîne de production la nuit et le week-end. Trois machines sont aussi remises en service pour augmenter le nombre de chaînes de production.
La grippe H1N1
La grippe A (H1N1) dura d'avril 2009 à août 2010. C'est une pandémie causée par le sous-type H1N1 du virus de la grippe A. La contamination s'effectue principalement par voie aérienne, c'est-à-dire toux et éternuements.
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