Le jeudi 11 février dernier, une meute de six chiens errants BLEUS a été capturée dans la région de Nijni Novgorod. Observés et photographiés à différents endroits, les canidés apparaissaient avec un pelage entièrement bleu comme le montre ce tweet.
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Si au début, les internautes ont pensé à une blague, il s'avère qu'après examens médicaux, les chiens soient véritablement bleus ! Selon les autorités russes, les chiens sauvages auraient été en contact avec des matières chimiques d’une usine à l’abandon. L'usine incriminée serait un ancien site de fabrication de Plexiglas – Dzerzhinskoye Plexiglas – qui était autrefois spécialisé dans la production de verre acrylique et d’acide cyanhydrique…
Rien d'étonnant lorsque l'on sait que Dzerjinsk est une ville extrêmement polluée comme le montrait ce reportage diffusé dans le 20 heures de F2, le 12 décembre 2007.
"A la surface des centaines de fûts rouillés, jetés là depuis des dizaines d'années : Chlore, plomb, phénol, dioxine... des produits hautement toxiques, déchets des usines d'armements chimiques de la région, abandonnés à ciel ouvert, sans aucun traitement,. Un silence oppressant, partout une odeur lourde, âcre et sucrée... Pourtant le pire n'est peut-être pas là.", le décor est planté, voilà commence ce reportage A l'époque, Dzerjinsk, en Russie, figure parmi les villes les plus polluées au monde.
"Des millions de tonnes de déchets dans la nature !"
Dimitri N. Levashov, de l'association écologiste "Eco-Spe" raconte que pendant 20 ans des déchets toxiques extrêmement dangereux ont été enfouis sous terre, "les déchets peuvent rejaillir à tout moment et les déchets s'étendre partout".
Dzerjinsk a été bâtie en 1930, à 400 km de Moscou. Jusqu'à la fin de la guerre froide, "elle est restée la capitale chimique de l'URSS" précise le commentaire. C'était une ville interdite aux étrangers où les usines ont déversé leurs déchets, "sans contrôle pendant 60 ans. Des millions de tonnes de déchets dans la nature !" ajoute-t-il. Dimitri estime que les sols sont pollués de 20 à 60 mètres de profondeur. Il précise que cette pollution coule dans le fleuve Oka qui "traverse la troisième ville de Russie et surtout pollue les eaux souterraines qui alimentent la population locales".
"Les habitants de Derjinsk perdent leurs dents..."
Le reportage s’intéresse ensuite à une usine qui a produit pendant 30 ans de l'iperyt, "utilisé dans les gaz de combats. A certains endroits le niveau de pollution est 17 millions de fois supérieurs aux normes sanitaires ! Conséquence : dans les cimetières de la région on peut voir des tombes de personnes décédées avant d'avoir 40 ans...". Ce que confirme Tahitia Khlytina, responsable du cimetière de Dzerjinsk, "ici il y a une fille qui est morte à 15 ans, elle était très malade... il y a beaucoup de jeunes ici..." déclare-t-elle face à l'étendue des tombes, avant de poursuivre, "la plupart d'entre nous avons des maux de tête, mal aux jambes, les habitants de Derjinsk perdent leurs dents..."
A Dzerjinsk le taux de mortalité de la population est supérieur au reste de la population russe mais les choses commencent à changer alors, en partie en raison de "la faillite des industries soviétiques au début des années 90 et de la fermeture d'une grande partie des usines de la région ont entraîné une amélioration de la qualité de l'air. Mais rien n'est fait pour dépolluer les sols ni pour stopper le ruissellement des eaux, saturées de produits chimiques", une véritable catastrophe écologique comme le constate le journaliste Laurent Boussié posté devant les ruines d'une usine désaffectée.
C'est sans doute cette pollution qui serait à l'origine de la coloration en bleu des chiens retrouvés près de Derjinsk. D'après le vétérinaire chargé de leur examens de santé, rien de suspect n'aurait été retrouvé dans leur analyses sanguines... Les toutous bleus seraient désormais à l'adoption...
Florence Dartois