Pierre-Jean Chalençon et le chef cuisinier Christophe Leroy, sont placés en garde à vue. Vendredi 10 avril, ils ont été interrogés par la Brigade de répression de la délinquance contre la personne (BRDP) en charge de l’enquête sur les dîners clandestins. Le collectionneur clame son innocence bien qu'il reconnaisse organiser régulièrement des happenings dans son palais du IIe arrondissement, un hôtel particulier, transformé en musée dédié à Napoléon 1er. Un moyen de financer sa collection unique et coûteuse. En effet, depuis sa prime jeunesse, le collectionneur accumule les objets ayant appartenu à l'empereur. Le 7 octobre 2002, l'émission "Mots croisés" consacré à la "Napoléon mania" se rendait chez le président du cercle France Napoléon, alors âgé d'une trentaine d'années. C'est avec bonhomie qu'il ouvre les portes de sa maison entièrement remplie d'objets napoléoniens.
"Lorsque vous étiez invité à la Malmaison, il valait mieux manger avant…"
Le passionné joue les guides et virevolte joyeusement parmi les principales pièces de sa collection : une lettre signée de la main du jeune "Napoleone", âgé de 15 ans, une mèche de cheveux à la teinte inattendue, le lit de campagne de l'Empereur qui le suivait partout, et même l'une de ses dernières chemises tachées de sang… Avec une telle collection, se prend-il parfois pour Napoléon ? "Je me prends rarement pour Napoléon mais effectivement, lorsque j'ai son chapeau, on pourrait le dire… mais j'ai une plus grosse tête que lui, donc je ne peux malheureusement pas mettre son chapeau", plaisante-t-il, exhibant fièrement le célèbre tricorne noir.
D'une vitrine encombrée, Pierre-Jean Chalençon extirpe une paire de couverts en argent utilisés à Waterloo, mais il précise : "Il mangeait très mal et buvait très mal, puisque le vin, il le coupait avec de l'eau. Il mangeait entre cinq et sept minutes ! Le soir, entre douze et quinze ! C'est-à-dire que lorsque vous étiez invité à la Malmaison, il valait mieux manger avant…"
La visite se termine dans sa chambre toute aussi encombrée d'objets et de portraits du grand homme, "je suis toujours réveillé par un homme merveilleux qui m'éblouit chaque matin", s'extasie-t-il en montrant son portrait préféré, réalisé par le Baron François-Pascal-Simon Gérard, "c'est les rayons d'Austerlitz qui brillent pour moi chaque matin", et pour cause, son lit style Empire est posé sous ce tableau. Il s'affale dessus et proclame avec humour : "Vous voyez, je n'attends plus que ma Joséphine !"
"J'essaye d'en vivre, ce n'est pas évident"
De retour en plateau, Pierre-Jean Chalençon précise qu'il consacre à sa collection toute sa vie et son argent : "Je ne mange que des pâtes… maintenant, j'essaye d'en vivre, ce n'est pas évident".
Il présente ensuite quelques objets : un portefeuille en cuir dans lequel on apportait les documents à l'Empereur, son testament et la plume avec laquelle il l'a rédigé, une chevalière en brillants réalisée en 1810 par la maison Chaumet, et il sort la fameuse mèche de cheveux de Napoléon entrevue ans le reportage.
La garde à vue de Pierre-Jean Chalençon intervient au lendemain d'une perquisition organisée au palais Vivienne, propriété du collectionneur, dans le cadre de l'enquête ouverte par le parquet de Paris pour "mise en danger de la vie d'autrui et travail dissimulé."
Pour aller plus loin :
Apostrophes : Napoléon. Premier empereur des Français ! Michel Poniatowski, Georges Bordonove, Jules Tulard et Alain Decaux débattent sur Napoléon. Son sens de la formule, sa force de frappe, son usage de la propagande, sa compréhension du pouvoir de la presse, son romantisme en action, son hostilité aux innovations dans le domaine militaire… (1H20 — 09-09-1977 — Réal : François Chatel)
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Florence Dartois