C'est une information rendue publique par la télévision danoise DR ce dimanche 30 mai, en collaboration avec d'autres médias européens : les Etats-Unis ont espionné des responsables politiques européens, dont la chancelière allemande Angela Merkel, de 2012 à 2014. Un espionnage mis sur pied par la NSA avec l'aide des services de renseignement danois. Selon l'enquête de la télévision danoise, la NSA s'était branchée sur des câbles de télécommunication danois pour espionner de hauts responsables, dirigeants politiques et hauts fonctionnaires, en Allemagne, en Suède, en Norvège, et en France.
L'espionnage à grande échelle des Américains vis-à-vis de leurs alliés et du reste de la planète, c'était déjà le sujet de ce reportage du magazine "Géopolis", diffusé sur France 2 le 18 juillet 1999. Une caméra filmait les rues de Fort Meade, dans le Maryland, base de l'agence nationale de sécurité (NSA) : « C'est une ville qui apparaît. Et ses 40 000 employés. Une ville qui lit, écoute le monde, une ville qui intercepte les téléphones, les fax, les ordinateurs de la planète, une ville ultra secrète [...] »
Le coeur d'un réseau mondial de surveillance dirigé par les Etats-Unis avec la collaboration étroite de ses plus proches alliés, le Royaume-Uni, le Canada, l'Australie et la Nouvelle-Zélande : le réseau "échelon". Une organisation rendue possible par la signature en 1946 par ces cinq pays du traité secret "Ukusa", et dont l'étendue et la puissance va s'activer réellement à partir des années 1970.
En Angleterre, la base de Menwith Hill, à 280 km à l'ouest de Londres, abrite l'un de ces centres de surveillance. 2000 personnes y travaillent, civils comme militaires, très principalement américains. Leur but est d'intercepter les communications en provenance d'Europe et d'Afrique.
Jusque dans les années 1990, les principaux alliés européens des Etats-Unis, dont la France, ignorent ainsi qu'ils sont espionnés, comme l'explique Bernard Gérard, Ancien directeur de la D.S.T : « La D.S.T et la D.G.S.E ne sont pas au courant au début des années 1990 de ce qu'est ou sera le réseau "échelon". »
La France, notamment, poursuit des ambitions similaires de se doter de puissants moyens d'écoute, mais bute sur le manque de moyens : « Bien sur nous avons des implantations grâce aux DOM TOM dans la plupart des océans du monde, mais nous n'avons pas les mêmes moyens techniques. »
Pour Bernard Gérard, la réponse à ce défi américain doit être européen. L'échelon national ne suffit plus : « C'est un handicap qui n'est plus seulement au niveau de notre pays, mais au niveau de l'Europe. On ne peut plus raisonner à l'échelon d'un pays. Maintenant il s'agit de blocs, et l'intérêt de l'équilibre dans cette guerre économique, c'est qu'il y ait plusieurs blocs d'à peu près égale valeur. »