L'ANNIVERSAIRE.
Guy Lux, qui était né en 1919 à Paris, fut l'un des plus célèbres animateurs de jeux et de divertissements de variétés de la télévision française. Avant de devenir le producteur imaginatif qui enchanta les soirées des Français, il avait été quincaillier dans la région parisienne et imaginait déjà des petits jeux qu'il testait auprès de ses clients.
Sa carrière télévisuelle débuta en 1952 à Télé Luxembourg, où, avec l'appui de Pierre Bellemare, il lança l'idée originale de jeux radiophoniques et télévisés à la RTF. Dès lors son credo serait de divertir.
Au cours de sa carrière, l'homme qui aimait faire jouer les autres inventa une cinquantaine de jeux, aussi bien à la radio qu'à la télé. On lui doit, pour ne citer que les plus connus, « Cadet Rousselle », la première émission interactive de la télé, « Intervilles », un jeu où deux villes se défiaient à travers des épreuves ludiques ou l'hilarant « Schmilblic », dans lequel des candidats devaient découvrir un objet mystère en posant des questions, jeu qui inspira le célèbre sketch de Coluche.
Guy Lux a aussi excellé dans la présentation d'émissions de variétés, comme « Le palmarès des chansons » ou « Top club ».
En 1981, avec l'arrivée de la gauche au pouvoir, il allait être renvoyé par une décision d'Antenne 2 alors qu'il était à la tête de quatre émissions à succès. Il reviendra deux ans plus tard sur FR3 dans l'émission « Cadence 3 », et pour de nouveaux épisodes d'« Intervilles ».
À partir de 1991, Guy Lux se retira de l'antenne, mais continua à produire des divertissements à succès tel le jeu « L'Or à l'appel » (de 1996 à 1997) animé par Vincent Lagaf', ou l'émission « Fa Si La chanter » animée par Pascal Brunner.
Le 17 mars 1996, Jacques Chancel recevait ce pionnier des divertissements télévisés dans son émission consacrée à l'actualité des médias. Guy Lux évoquait volontiers les années d'or de la télé, son évolution et la teneur des programmes proposés.
L'ARCHIVE.
Interrogé sur les émissions de variétés, son credo, l'ancien animateur regrettait surtout qu'il n'y ait plus « de bonnes chansons » et moins d'esprit festif, tout en précisant qu'il n'était pas défaitiste. Il reconnaissait que la télé avait changé, privilégiant d’autres types de programmes qu’il savait apprécier, expliquant qu’il y avait « de très bonnes choses dans les fictions, dans les téléfilms », tout en étant « plus sévère avec les sitcoms », qui commençaient alors à fleurir sur les chaînes.
L’ancien animateur s’enthousiasmait pour les programmes d’actualité, « l’information, c'est formidable ! », tout en regrettant qu’il y ait un peu trop de talk-shows, d'émissions voyeuristes, « mais enfin, il faut de tout » ! Concédait-il. Lui était d'un autre temps et ironisait : « je me considère comme un pionnier. J'ai l'impression de parler comme le faisait Jean Nohain [célèbre animateur radio des années 20 et 30, ndlr] il y a trente ans et ce n'est pas rassurant », plaisantait-il.
Guy Lux avait connu la télé avec une chaîne unique, une chose l'inquiétait, la multiplication de l'offre télévisuelle et l'inflation des chaînes. « Ça a tellement évolué ! Il y a tellement de chaînes ! On en prévoit 250, rien qu'en France en 2000 et 1500 sur l'Europe ! » Il s'inquiétait de la course à l'audience au préjudice de la qualité : « Où vont passer les audimats ? Et cette bataille inutile et un peu stupide et angoissante des parts de marché ! » Lui qui avait quitté les plateaux, déclarait qu’il n’était pas triste de ne plus être à la télé et qu'il avait su la quitter après 35 ans de carrière.
Pourtant, reconnaissait-il, la présentation agissait comme une drogue, même s'il ne possédait plus assez d’énergie pour animer « devant les caméras, entouré de cette foule d'artistes dans une fête permanente. J'ai l'impression que je n'aurais plus ni la santé ni le courage ». L'ancien présentateur avait peur de s'ennuyer, voire pire « de devenir un vieux rasoir. Ce que je ne voudrais pour rien au monde. »
L'avenir du divertissement
Pourtant, son savoir-faire ludique était toujours très prisé et il assurait une fonction de consultant pour le groupe TF1. Guy Lux s'en amusait, constatant qu'on lui redemandait d'imaginer des programmes à l'image d’« Intervilles » ou du « Palmarès des chansons » : « c'est un éternel recommencement la télé », concluait-il. Il était toujours là et venait de produire son nouveau jeu « L'or à l'appel » dont il avait confié la présentation à un comique plutôt qu’à un animateur de télé.
Quant à la relève, cette nouvelle génération d'animateurs, le vieil amuseur les plaignait un peu d’avoir perdu de la liberté de ton et d’être moins « brillants » et populaires qu’à son époque : « Je crois qu'ils sont moins libres que nous ne l'étions, bien que nous ayons été censurés… ».
Il fera sa dernière apparition télévisée à l'occasion de l'élection de Miss France 2003 sur TF1, le samedi 14 décembre 2002 avec Jean-Pierre Foucault. Guy Lux est mort le 13 juin 2003, à presque 84 ans, à Neuilly-sur-Seine.
Pour aller plus loin
Plus de contenus sur Guy Lux (audio et vidéo)
Comment Guy Lux voyait la télé en 1979. Alors producteur d'émissions de variétés, il répond à quelques questions de téléspectateurs dans l'émission « Face à vous », en 1979
« C'est au programme » : interview de Guy Lux. Anecdotes de Guy Lux au sujet de Léon Zitrone et de ses lunettes cassées dans le jeu « Intervilles ». Sa manière de concevoir les jeux (il en a conçu une cinquantaine). Il donne son impression sur le ton des émissions actuelles par rapport à son époque et revient sur sa carrière. Patrick Mahé évoque l'émission « La tête et les jambes » qu'il animait. (1999)
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