L'ACTU.
La contrôleure des prisons Dominique Simonnot étrille, dans son rapport annuel publié le 11 mai 2023, «l'inertie coupable» du gouvernement face à la surpopulation carcérale record en France. Un nouveau pic historique vient d'être atteint dans les prisons françaises avec 73.080 détenus au 1er avril pour 60.899 places, et un taux d'occupation moyen qui grimpe à 142,2% dans les maisons d'arrêt. Cette surpopulation inflige «aux prisonniers de vivre à trois par cellule, 21 heures sur 24 - dans moins d'1m2 d'espace vital par personne - d'être grignotés par les punaises, envahis par les cafards et les rats», selon le rapport. Chaque nuit, 2100 détenus dorment sur un matelas au sol.
L'ARCHIVE.
En 1994, la prison de Fresne était considérée comme l'une des plus insalubres de France. À l'intérieur, l'insalubrité était causée en partie par la surpopulation carcérale.
Construite à la fin du XIXe siècle, la prison de Fresnes est souvent décriée pour son insalubrité. En 2018, d’après les statistiques carcérales du mois de juin, 2556 personnes étaient incarcérées à la maison d’arrêt pour une capacité de 1404 places. Soit une densité de 182%. Une densité encore plus forte qu'en 1994 où elle atteignait 170%.
Dans ce reportage de France 2 diffusé en 1994, les images montrent trois détenus cohabitant dans 11 m². L'un d'eux témoigne : «C'est l'enfer. Soit l'un fait la vaisselle, soit l'autre le café. Il faut qu'il y en ait un dans son lit sinon on ne peut plus, on craque». La surpopulation carcérale est souvent considérée comme le mal des prisons françaises. Et les surveillants pénitenciers sont du même avis : «Il faut plus d'avocats, plus de médecins, plus de tout. On arrête pas.» Certains détenus se privent même de promenade pour être tranquilles dans leur cellule.
En 2016, des contrôleurs avaient visité l'établissement pénitentiaire du Val-de-Marne et en étaient ressortis avec une longue liste d'anomalies : «Dans ces cellules, une fois déduite l'emprise des lits, des toilettes et de la table, trois personnes doivent vivre dans un espace d'à peine 6m², bien inférieur aux normes fixées par le Comité européen pour la prévention de la torture», était-il écrit dans leur compte rendu.
Le président de la République, Emmanuel Macron, avait visité la prison de Fresnes en mars 2019 et la chancellerie avait donc décidé de débloquer une enveloppe de 270 millions d'euros. La maison d'arrêt compte à ce jour 1679 détenus pour 1603 places, soit un taux d'occupation de 115%. En janvier, ce chiffre était de 142%.