L'entreprise textile, fondée en 1984 à Roubaix et qui avait été placée en redressement judiciaire en mai 2020, va pouvoir sauvegarder 2600 emplois sur un total de 3100 emplois.
La justice a ainsi privilégié ce projet contre celui porté par l'actuel Pdg de Camaïeu, Joannes Soënen, et trois de ses actionnaires, qui prévoyait davantage de licenciements et de fermetures de magasins.
L'entreprise est l'une des enseignes phares du textile roubaisien. Selon un article des Echos, Camaïeu revendiquait en 2019 11% du prêt-à-porter féminin en France.
En 1993, Jean-Pierre Torck, son PDG (et l'un de ses cofondateurs en 1984) exprimait toute sa confiance dans un modèle économique basé sur le circuit court. A l'époque, alors que le secteur du textile traversait une crise et se lançait à tour de bras dans la délocalisation de la production, il choisissait au contraire de réaliser, « 80 % de la production dans un périmètre de 300 km autour de Roubaix. »
Largement aidé dans ce projet par les partenaires économiques de la région, Jean-Pierre Torck disait accepter tout naturellement une contrepartie au niveau de l'emploi : « En s'installant à Roubaix, il est sûr qu'on avait un contrat moral avec la ville et avec la préfecture d'embaucher des personnes de Roubaix, et en priorité des personnes du quartier attenant à nos implantations. »
Ce modèle semblait alors réussir à l'entreprise, puisque selon le reportage, « un magasin ouvrait tous les quinze jours en France », avec l'étranger en point de mire. L'objectif : « Etre le leader européen de la distribution ».
Pour réaliser ses objectifs tout en continuant à fabriquer localement, Jean-Pierre Torck souhaitait une implication des distributeurs afin d'écouler plus facilement ses produits : « Est-ce qu'il n'y aurait pas lieu pour tous les distributeurs de la région d'acheter beaucoup plus sur place ? ». Avec pour ambition, un cercle vertueux qui fasse « redémarrer sur la zone Lille-Roubaix-Tourcoing une nouvelle industrie textile ».
Après une importante ouverture à l'international dans les années 2000, l'enseigne, rachetée par le fonds d'investissement Cinven en 2011, rencontre des difficultés sur le remboursement de sa dette au cours des années qui suivent. Déjà fragilisée, l'entreprise vit très mal la crise du Covid qui l'oblige à fermer du jour au lendemain ses magasins.
L'annonce de la reprise par la Foncière immobilière bordelaise a été bien reçue par les syndicats. Mélanie Dubuche, élue CFDT, témoignait ainsi auprès de l'AFP : « Je suis soulagée (...). Mon magasin est sauvé, et il y a moins de casse sociale » que prévu.