L'ACTU.
La journaliste et romancière québécoise Denise Bombardier est morte à l'âge de 82 ans. Elle était connue en France pour s'être opposée publiquement à Gabriel Matzneff à la télévision en 1990 dans l'émission «Apostrophes». Elle entretenait également des liens forts avec la France, où elle avait terminé ses études. Mais c'est vraiment un soir de mars 1990 dans l'émission de Bernard Pivot qu'elle avait marqué les esprits.
Devant deux à trois millions de téléspectateurs, la Québécoise s'était opposée, seule, à Gabriel Matzneff dont les écrits faisaient l'apologie des relations sexuelles avec les enfants et adolescents, estimant que la littérature ne pouvait «pas servir d'alibi». Elle lui avait crié sa colère, s'inquiétant pour les conquêtes mineures de l'écrivain.
L'ARCHIVE.
Cette archive est un document dans lequel le propos ne pourrait certainement plus être tenu aujourd'hui. Dans cette émission consacrée à la fidélité, Gabriel Matzneff s’épanchait sur ses innombrables conquêtes, des relations multiples, très souvent avec de très jeunes filles, racontées dans son livre Mes Amours décomposés. Bernard Pivot le définit comme «un collectionneur de minettes».
Seule face à la bonne humeur régnante sur le plateau, Denise Bombardier ne souriait pas et s’insurgeait contre Gabriel Matzneff, quelqu'un de «pitoyable». Elle voulait rappeler que dans son pays, «on défend les droits à la dignité et les droits des enfants» et pointait que « ces petites filles de 14 ou 15 ans ont été non seulement séduites, mais ont subi ce que l’on appelle dans les rapports entre les adultes et les jeunes, un abus de pouvoir ».
Continuant son réquisitoire contre un comportement qui, vu de « son continent », lui paraissait relever « d’une autre planète » et rappelant le « droit des enfants à être protégés comme des enfants », Denise Bombardier s’interrogeait sur la vie de ces jeunes adolescentes une fois devenues adultes : « Je crois que ces petites filles là sont flétries et la plupart d’entre elles flétries peut-être pour le restant de leurs jours ». En conclusion, l’auteure canadienne relèvait que « si Monsieur Matzneff était un employé anonyme, […] il aurait des comptes à rendre avec la justice de ce pays ».
Gabriel Matzneff répondait en se montrant offusqué. Mais le débat portait ensuite sur la «fascination» des jeunes amantes de l'écrivain pour lui-même. Denise Bombardier essayait toutefois d'ajouter : «Aucun pays civilisé n'est comme ça».
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