Au début des années 80, l'écrivain Michel Folco a eu une drôle de lubie : collectionner les photos laissées à l'abandon ou jetées près des photomatons... Et il se posait la bonne question : «Pourquoi des gens détruisent et jettent leur propre image ?» On voit dans ce reportage de Jean Teulé - disparu mardi 18 octobre à l'âge de 69 ans - que certains n'avaient pas compris le fonctionnement du tabouret, ou du photomaton en lui-même. Et il y avait aussi ceux qui se repeignaient au moment du flash, ou voulaient vérifier que leur pièce était bien entrée dans la fente. L'écrivain se posait des questions et collectionner ces images dans de gros cahiers.
Jusqu'au jour où il a fait une drôle de découverte. Souvent, en effet, il retrouvait les photos d'un homme en très bon état mais déchirées. Et ce pendant des mois et dans tous les photomatons de Paris. «J'ai vraiment été intrigué», le voit-on dire dans le reportage de Jean Teulé.
La réalité était relativement simple (pour celui qui sait) : l'homme inconnu des photomatons n'était autre que le réparateur. Qui après chaque intervention testait lui-même la machine, puis jetait le résultat, forcément impeccable. Peu de poésie dans ces images-là.
Le réalisateur Jean-Pierre Jeunet s'inspirera, quelques années plus tard de cette histoire pour le personnage de Nino Quincampoix dans son film Le fabuleux destin d'Amélie Poulain.
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