Médéric Gasquet-Cyrus et Jean-Michel Géa sont deux universitaires qui ont étudié l'évolution du langage marseillais pendant cinq ans. Ils ont notamment remarqué que les "néo-marseillais", synonymes de bobos parisiens, ont changé le langage et l'accent marseillais. Le tourisme et la mutation urbaine ont aussi joué un rôle considérable sur ce changement oral.
Aux débuts des années 2000, les premières vagues de nouveaux arrivants influencent le parler local à Marseille. Suite à son étude en 2018, Médéric Gasquet-Cyrus expliquait son raisonnement : "Dégun, peuchère, tarpin, fada...Quand on s'installe à Marseille, il y a une dizaine de mots très répandus à connaitre. Les nouveaux habitants vont prendre quelques traits du parler local. Mais en s'appropriant les régionalismes, les "néo-marseillais" les modifient. Le mot dégun se change en dégain. Et cette prononciation a même gagné les jeunes marseillais."
Cependant, cette gentrification n'a pas gagné toute la ville. Même si la ville s'est embourgeoisée, Marseille reste populaire et l'accent reconnu. En 1989, dans ce reportage d'Antenne 2, la journaliste Rahmatou Keita se demandait si l'accent marseillais était indispensable pour un maire afin de se faire élire. Sur le vieux port, un marseillais témoignait : "Ho non, je vais vous dire en deux mots. Je voterai pour n'importe qui pourvu qu'il soit propre." Tandis qu'un autre pensait le contraire : "C'est comme une bouillabaisse sans poisson. Il faut un accent et il faut un marseillais à Marseille."
En 1989, l'accent régional était très important même lors d'élections municipales. Louis Philibert, Président du Conseil Général des Bouches du Rhône, reconnaissait que son accent marseillais l'avait beaucoup aidé dans sa carrière politique : "Je sais parler provençal et je peux vous dire que j'ai gagné beaucoup de voix. Je vois mal un alsacien qui serait élu en Provence."
En 2018, malgré l'urbanisation de la ville, l'accent marseillais reste ancré profondément dans la culture populaire de la ville.