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1981 : « Le képi, c'est la France »

1981 : « Le képi, c'est la France »

Le 14 septembre, Emmanuel Macron annonçait l'adoption par la police nationale de nouveaux uniformes pour le début de l'année prochaine. Au début des années 1980, c'était alors le képi, symbole de la police française, qui était amené à disparaître.

Par Cyrille Beyer - Publié le 16.09.2021
Un gardien de la Paix sur son uniforme - 1981 - 02:52 - vidéo
 

Il fut porté entre autres par Louis de Funès dans Le gendarme de Saint-Tropez (Jean Girault, 1964), Peter Sellers dans Le retour de la Panthère rose (Blake Edwards, 1975) ou encore Jean-Paul Belmondo dans Les Morfalous (Henri Verneuil, 1984) : le képi avait fini par devenir le symbole par excellence du soldat et du policier français dans l’imaginaire collectif. Fruit de l’histoire militaire française, et plus précisément de la conquête de l’Algérie, le képi fut introduit progressivement à partir de la seconde moitié du XIXe siècle dans l’armée (et notamment la gendarmerie) et la police, avant de devenir un incontournable de l’uniforme à la veille de la Première Guerre mondiale.

Tradition

Dans une archive présentée en tête de cet article, issue d’un numéro de l’émission « Aujourd’hui Madame », diffusé le 25 août 1981, un policier témoignait justement de son attachement à cette tradition du képi : « Le seul pays qui porte le képi, c’est la France. Nous y sommes très attachés. Le képi représente tous les Français. » Fier de porter l’uniforme, qu’il avait jugé au début « très dur à porter » en raison de l’écrasante responsabilité qui en découlait, ce gardien de la paix regrettait cependant que les Français craignent l’uniforme et ne voient pas plus les missions « d’éducation et de prévention » inhérentes à son métier.

Toujours est-il que c’est durant cette même année 1981 que les responsables de la police nationale devaient lancer une réflexion sur le nouvel uniforme des agents, plus adapté aux exigences du service.

Uniformes des agents
1985 - 02:26 - vidéo

Attachement générationnel

Une réflexion qui aboutissait quatre années plus tard, en 1985. Avec pour résultat premier l’abandon du fameux képi au profit de la casquette. Une révolution vestimentaire relatée par un reportage d’Antenne 2 du 15 novembre 1985. Dans un commissariat parisien, le nouvel uniforme, flambant neuf, donnait un look plus moderne, plus américain. Plus pratique aussi, il semblait convenir aux jeunes agents, soulagés de ne plus « craquer [leur] veste en montant en voiture, ou de ne plus accrocher le képi aux portières ».

Pour les anciens, au contraire, la nostalgie était au rendez-vous, comme pour ce gradé : « Nous étions sentimentalement attachés au képi, c’est un fait. Je suis un vieux policier, j’ai vingt-cinq ans de carrière, vingt-cinq ans de képi ! Mais après tout, si les plus jeunes préfèrent la casquette, va pour la casquette ! » Et au jeu du micro trottoir, le nouvel uniforme rassemblait tous les suffrages : « Les anciens uniformes, moi je les ai bien connus. Mais on est plus dans la même vie, les temps ont changé, je trouve [leur nouveau style] plus moderne, et ça me plaît davantage. »

Non au nouvel uniforme de policier
1986 - 05:27 - vidéo

Caméra cachée

Tous les suffrages, vraiment ? Non, car du côté de l’émission « Mardi cinéma » du 25 février 1986, c’était plutôt la colère face à l’abandon du képi qui prédominait. Enfin, un semblant de colère, car tout cela n’était en fait que du cinéma, pour les besoin de la rubrique « Caméra cachée » des excellents Jacques Rouland et Jacques Legras. Au hasard d'une rue parisienne, Jacques Legras, déguisé en policier version vieil uniforme, avec képi et veste serrée, manifestait avec trois autres personnes, pancartes au cou, pour le retour du mythique couvre-chef, et proposait aux passants une pétition à signer. Cyril Viard, déguisé en policier nouvelle version, occasionnait une dispute entre les deux agents de la paix. Une version « guerre des polices » très esthétique et générationnelle.

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