"Citizen Kane" sortait en salles en Amérique le 1er mai 1941, mais la guerre empêchait sa sortie en Europe. Ce n'est que le 1er juillet 1946 que le public français pourra découvrir ce qui est considéré comme l'un des joyaux du 7e art. Pour François Truffaut, grand admirateur d'Orson Welles, interrogé à son sujet en 1981 sur le plateau de "Champ contrechamp", ce film a a tout du « paradoxe » :
« Il est comme un chef-d'oeuvre, il y a peu de scènes dont on ait envie de dire : "Tiens, elle serait mieux comme cela" [...] Mais curieusement, malgré cette perfection, c'est quand même un film d'amateur. C'est le plus grand film d'amateur du monde. »
Pour le réalisateur du "Dernier métro" et de Jules et Jim", "Citizen Kane" est le prototype du film d'auteur qui va influencer toute une génération de cinéastes : « Ce n'est pas un film de studio, on n'a pas l'impression que le script est passé par beaucoup de mains ». Au contraire, l'oeuvre se rapproche plus d'un « film de jeune homme, d'écrivain »: « On avait plus envie de l'associer à "La Règle du jeu", qu'on voyait beaucoup dans les ciné clubs à l'époque, comme "l'Atalante" de Jean Vigo. "Citizen Kane" était plutôt un film de cette famille là que ceux de Cary Grant, Howard Hawks, Spencer Tracy etc... Ce n'était pas un film d'Hollywood, on le sentait. »
« A cause de cela, il y a eu tout ce mouvement des Cahiers du Cinéma vers Orson Welles. Avec les autres [réalisateurs américains], il y avait cet élan, mais avec Welles il y avait en plus de l'amitié et aussi une sorte d'encouragement pour nous [à faire du cinéma à notre tour]. »
Pour aller plus loin :
Présentation de "Citizen Kane" par Roger Leenhardt, dans l'émission "Ciné Club" diffusée le 24 septembre 1972.
"Citizen Kane" : retour sur un tournage d'exception, une archive du 13 janvier 1974 extraite de l'émission "Une légende une vie".