« C'est ainsi que l'on voit apparaître, parallèlement aux titres de nos quotidiens qui annoncent la dégradation de la situation internationale, des publicités qui annoncent la naissance d'un nouveau marché ». En 1980, la vente d'abris anti-atomiques était en « pleine expansion ». Un fait issu des observations du journaliste Serge Misrai, qui avait enquêté sur ce marché en vogue pour Antenne 2. Dans l'archive en tête d'article, il dévoilait ses conclusions.
Il s'était rendu à la Foire de Paris. Là-bas décrivait-il, « l'apocalypse a débarqué en douce avec béton, prospectus et vendeuse de choc ». On y promettait des abris anti-atomiques clé en main pour un prix allant de 140 à 200 000 francs.
« Décidément, la peur rapporte », assurait le journaliste. Antoine Reis, directeur commercial, assurait qu'au contraire, il s'agissait de répondre à une réalité : des abris de ce type, il y en avait « partout à l'étranger » tandis qu'en France, il n'y en avait pas.
À date, expliquait-on sur Antenne 2, la Suède pouvait protéger 91 % de ses habitants avec ses abris, la Suisse 83 %. En France, ce taux était proche de zéro.
La même année, le concurrent d'Antenne 2, TF1 constatait lui-même une « psychose de guerre ». Les constructeurs français d'abris d'anti-atomiques étaient « submergés », disait-on dans l'archive ci-dessous.
Les abris anti-atomiques
1980 - 02:48 - vidéo
Michel Chevalet, journaliste pour la première chaine, décrivait les dispositifs que l'on pouvait trouver sur le marché à l'époque. Et ajoutait : « Pour un pays comme la France, il y avait le choix soit entre faire construire, mettre au point une force de dissuasion, ou bien mettre au point des abris anti-atomiques dont l'efficacité peut se révéler incertaine. Et ici, en France, nous avons fait le premier choix ». Autrement dit, détenir la bombe atomique était, selon lui, une méthode plus certaine pour protéger une population.