« Ici, il y avait une maison. Chaque année la mer grignote 70 centimètres à un mètre de falaise. » Nous sommes en 1979 et France 3 Amiens s'intéressait au cas de la commune d'Ault, dans la Somme. Là-bas, la falaise s'érodait par pans entiers, les habitants s'inquiétaient et le maire se sentait impuissant.
Dans cette archive en tête d'article, le journaliste notait avec un certain lyrisme la situation incertaine des maisons en bord de falaise. « Leurs propriétaires s'endorment un soir avec un petit jardin et une vue imprenable. Le lendemain, il ne leur reste plus que la vue imprenable. Les escaliers qui descendaient sur la grève sont descendus définitivement. »
Un couple de retraités, qui s'était installé là en espérant des jours tranquilles, avait acheté une maison avec un jardin de « quatre, cinq mètres ».
« On ne sait pas le lendemain où on se réveillera »
« On était tranquilles », disaient-ils. En 1979, la falaise s'érodant, ils se sentaient désormais « complètement démunis ». Le mari, qui se disait bien trop âgé pour acheter ailleurs, expliquait : « On est là et on ne sait pas le lendemain où on se réveillera ». Plus encore lors des tempêtes l'hiver et des grandes marées. Et sa femme d'avoir peur de tomber à l'eau : « Je ne dors pas bien, vous savez ».
Au niveau communal, plusieurs solutions avaient été examinées. Toutes étaient couteuses. Le maire se disait impuissant, l'état des falaises n'étant « pas de notre fait ». Et d'attendre de l'État une compensation. « Dans le cadre de la situation ici, nous pensons qu'il pourrait faire un effort exceptionnel avec une subvention exceptionnellement importante. Parce que ça n'arrive pas tous les jours ». Et pourtant : en 40 ans la situation ne s'est pas améliorée. En janvier 2022, la commune d'Ault faisait partie des 126 premières communes qui doivent s’adapter en priorité à l’érosion du littoral.