Il fut une époque, pas si lointaine, où ouvreuses et ouvreurs de cinéma proposaient friandises et rafraîchissements aux spectateurs, se frayant un passage dans la pénombre de la projection à l'aide d'une lampe de poche. Le 1er avril 1978, un reportage de France 3 Nord-Pas-de-Calais s'intéressait à l'arrivée prochaine de la soupe au cinéma, une nouveauté qui allait révolutionner leur travail. Un sondage effectué dans une salle de la région lilloise prenait le pouls de cette expérience révolutionnaire. Pour cette ouvreuse, c'était une belle initiative, répondant à la demande d'un public exigeant : « Y a pas mal de gens qui nous réclament de la soupe, des trucs chauds en salle. Et puis pour ne pas être éclaboussés, ils mangeront proprement, pour une fois ! »
D'autres, au contraire, haussaient les épaules ou étaient carrément « contre », quelle drôle d'idée ! Quant au gérant du cinéma, en fervent défenseur de cette idée, il imaginait la soupe devenir un produit phare des salles obscures et supplanter la traditionnelle glace : « J'ai l'impression que les gens choisiront plutôt le potage que l'esquimau ! »
Rassurez-vous, personne ne devrait déguster goulûment sa soupe lors de votre prochaine séance de cinéma. Ce reportage n'était autre qu'un gentil poisson d'avril...