L'origine du RPR débute dès le 25 août 1976. Le Premier ministre Jacques Chirac, en conflit avec le président Valéry Giscard d’Estaing, démissionne. Le 3 octobre de la même année, sur ses terres corréziennes, il prononce le discours d’Egletons au cours duquel il annonce dans la ferveur générale sa volonté de réformer le parti gaulliste de l’UDR, dont il a été le secrétaire général entre 1974 et 1975, afin d’œuvrer pour un « travaillisme à la française ».
Le nouveau parti, baptisé Rassemblement pour la République (RPR) est annoncé devant 50 000 adhérents réunis porte de Versailles, le 5 décembre 1976. A la tribune, Jacques Chirac, son nouveau président, déclare les intentions du mouvement, qui se veut toujours résolument gaulliste et social : « Rassemblement pour la démocratie, mais aussi rassemblement dans la majorité. Il ne doit y avoir aucun doute sur ce point. Actif et vigilant, le Rassemblement pour la République se situera résolument dans la majorité. J’ignore s’il sera bientôt toute la majorité mais il sera tout entier dans la majorité. Notre peuple, dont c’est la grandeur d’être rebelle à la contrainte, a quelque fois besoin qu’on l’exhorte. Alors, il se rappelle son passé et il étonne le monde. Le voici soudain réconcilié avec lui-même, réuni dans le même combat, consacrant toutes ses forces à défendre sa culture et sa société. Le voici rassemblé. Citoyens et citoyennes de mon pays, vous êtes les fils et les filles de ces hommes qui ont lutté dans notre longue histoire pour nous donner le droit d’être libres. L’appel que je lance à mon tour n’est que l’écho de l’éternel appel des nations qui ne veulent pas mourir ».
Equilibre
Depuis la porte de Versailles, le journaliste Didier Lecat interroge le futur du mouvement et sa cohabitation avec l’autre force de droite, celle qui soutient le président de la République Valéry Giscard d’Estaing, la Fédération nationale des républicains indépendants (FNRI) : « L’équilibre de la majorité va incontestablement être modifié, Jacques Chirac a simplement indiqué que son rassemblement avait sa place dans la majorité, il sous-entendait, très certainement, la première. […] Comment un tel mouvement va-t-il pouvoir cohabiter avec les autres formations de la majorité, et soutenir loyalement le chef de l’Etat, tout en suivant les yeux fermés, Jacques Chirac ? »
Signe de cette difficulté pour les deux forces de droite à cohabiter, la création de l’UDF en février 1978 signifie la tentative de reprise en main de la droite par le président Valéry Giscard d’Estaing. Elu maire de Paris en 1977 face à un candidat giscardien, Jacques Chirac consomme définitivement la rupture avec l’UDF en 1979 lors de son discours de l’ « appel de Cochin » au cours duquel il critique l’europhilie de l’UDF, le qualifiant de « parti de l’étranger ».
Lors de l’élection présidentielle de 1981, Jacques Chirac, battu au premier tour, aurait secrètement, selon les révélations faites par Valéry Giscard d’Estaing dans le troisième tome de ses mémoires (Le Pouvoir et la vie, 2006) appelé à voter au deuxième tour pour François Mitterrand.