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1973 : Marthe Richard réclame la réouverture des maisons closes

1973 : Marthe Richard réclame la réouverture des maisons closes

Marthe Richard est morte il y a 40 ans, le 9 février 1982. En 1946, la conseillère municipale de Paris, elle-même ancienne prostituée, avait obtenu la fermeture des maisons closes, une décision qu’elle semblait regretter quelques décennies plus tard.

 

Par la rédaction de l'INA - Publié le 10.04.2018 - Mis à jour le 08.04.2021
Marthe Richard et les Eros center - 1973 - 02:39 - vidéo
 

13 avril 1946 : la loi dite « Marthe Richard » ferme les 1 400 maisons closes dans toute la France. C'est une révolution et l'aboutissement du combat mené par la conseillère municipale de Paris contre la réglementation de la prostitution, jugée périmée et immorale.

Quelques mois plus tôt, le 13 décembre 1945, Marthe Richard déposait devant le Conseil municipal de Paris un projet de loi visant à fermer les maisons closes. Sa loi est votée le 20 décembre 1945 et tous les établissements nationaux sont sommés de fermer.

L'archive présentée en tête d'article date de 1973. Dans cette interview, réalisée pour l'ORTF, Marthe Richard, lors d'un échange avec une prostituée qui souhaitait organiser une corporation, déclarait trouver sa loi dépassée. Elle militait désormais pour la réouverture de maisons prônant des questions de santé : « Je lutte d'abord pour la question sanitaire ». Elle demandait à ce que des médecins donnent des soins dans ces maisons sous certaines conditions : « Puisqu'on ne peut pas empêcher la prostitution, mettons le moindre mal et ça c'est le moindre mal.». Elle poursuivait : « Moi, je préconise que des maisons soient construites, des petites maisons dans un grand parc. » Sans doute y voyait-elle une façon de lutter contre l'insécurité dénoncée par la prostituée dans cet échange surprenant.

Sa biographie :

Marthe Richard est née le 15 avril 1889. Cette femme politique va connaître un parcours atypique. Elle débute sa vie dans la misère et se prostitue à l'âge de 16 ans à Nancy. Puis elle rencontre un riche industriel, Henri Richet, qui la fera sortir des « bordels à soldats ». En 1913, grâce à la passion de son mari, elle découvre l'aviation. Devenant la sixième française à obtenir le brevet de pilote, elle se blesse grièvement lors d'un atterrissage le 31 août 1913. Elle restera trois semaines dans le coma.

« Pour les Français, j'étais l'Alouette. Pour les Allemands, S.32 »

Durant la Première Guerre mondiale, elle devient agent double pour la France et l'Allemagne. Espionne sous les ordres du capitaine Georges Ladoux, chef du contre espionnage français, elle se verra confier plusieurs missions en 1916 et 1917. Elle fréquente notamment l'attaché naval de l'ambassade allemande à Madrid, Hans Von Krohn. En mission à Madrid, elle rencontre à cette période l'espionne néerlandaise Mata Hari. En 1935, elle publie un best-seller intitulé "Ma vie d’espionne au service de la France". Mais la véracité des propos rapportés dans ce livre est contesté. Les années passent et en 1945, la « veuve joyeuse » se lance en politique. Elle est élue conseillère municipale du 4ème arrondissement de Paris.

Marthe Richard continue par la suite à donner des conférences sur son passé d'espionne. Elle meurt le 9 février 1982 à Paris.

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