Tout récemment, l'usine de Blanquefort s'était vue proposée le rachat par le franco-belge Punch Powerglide, avec le soutien des pouvoirs publics. Devant le refus de la direction de Ford en décembre 2018 et l'annonce de sa fermeture en août 2019, le ministre de l'économie Bruno Le Maire avait exprimé sa colère et son sentiment de "trahison".
Lundi, le plan de sauvegarde de l'emploi présenté par Ford auprès de la Direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi (Direccte) a été rejeté. 15 jours supplémentaires ont été accordés au constructeur américain pour permettre la faisabilité de le reprise de l'usine et de ses ouvriers par la société Punch-Powerglide.
Difficile dénouement d'une longue aventure industrielle qui a pourtant fait la fierté industrielle de toute une région.
En 1973, quelques mois après son installation, le son de cloche est à l'optimisme. L’usine flambant neuve est inaugurée par Jacques Chaban-Delmas. Le 19 juin 1973, le maire de Bordeaux, et ancien Premier ministre, prononce un discours dans lequel il se félicite de la concrétisation d’un tel projet, dont le « produit, fort élaboré, est destiné à l’exportation, tant vers l’Europe, que même vers les Etats-Unis », et dont la localisation ne « pouvait être que sur un port sur l’océan ». Il conclue en ces termes : « il me reste à souhaiter sa meilleure chance à ce vaisseau superbe, qui commence sa course immobile dans ces lieux verdoyants, dans cette commune charmante, accueillante de Blanquefort, dans ces lieux que nous avons voulu consacrés à l’expansion industrielle de Bordeaux et de l’Aquitaine »…
Trois années plus tard, en 1976, alors que la crise économique commence à se faire sentir dans tout le pays, avec ses problématiques de chômage, le site de Blanquefort ne semble pas connaître la crise. Un responsable du site, interviewé, déplore la difficulté à recruter de nouveaux employés sur un site qui ne tourne encore qu’à la moitié de son potentiel industriel : « Nous allons faire davantage d’actions de recrutement, nous avons même déjà contacté les écoles techniques, on va éventuellement voir s’il n’y a pas des gens dans les casernes qui seront démobilisés d’ici peu, pour essayer donc d’accélérer les embauches »…
La vue de ces deux archives, en reflétant l’âge d’or du site de Blanquefort durant les années 1970, nous fait durement ressentir les difficultés d'un fleuron de l'industrie française...