L'ACTU.
En 2020, le fabricant de pneumatiques Michelin fermait son usine de La Roche-sur-Yon. Quatre ans plus tard, mardi 5 novembre, le groupe a annoncé fermer d'ici à 2026 ses sites de Cholet (Maine-et-Loire) et Vannes (Morbihan), en raison de « l’effondrement » des ventes des pneus pour camions et camionnettes. En 20 ans, l'entreprise aura ainsi réduit de six usines son implantation en France.
Dans une interview au Monde, le président de Michelin Florent Menegaux affirme : « Nous avons cherché, mais nous n’avons pas trouvé d’alternative pour ces deux sites. Nous avons en revanche trouvé une possibilité pour viabiliser encore quelque temps l’activité à Joué-lès-Tours ». Coût de l'énergie, marché amorphe et concurrence asiatique, Florent Menegaux justifie ces fermetures par une augmentation des coûts de production en Europe : « Aujourd’hui l’Europe est deux fois plus chère que la Chine, au sein du groupe Michelin. Elle l’était même quatre fois avant la baisse du prix de l’électricité. Les gains de productivité ne permettent pas de compenser une telle différence ».
Inquiets pour le reclassement des 1 200 salariés, syndicats et représentants locaux de l'État ont rapidement réagi. « Aujourd’hui, on ferme deux sites et on met plus de 1 200 salariés au chômage pour que Michelin fasse plus de bénéfices et donne plus de dividendes à ses actionnaires », s'insurge le délégué syndical central CGT Romain Baciak, interrogé par l’AFP. Pour Cholet comme pour Vannes, les préfets de région Pays de la Loire, de Maine-et-Loire et du Morbihan demandent à Michelin de mener un dialogue social exemplaire.
L'ARCHIVE.
Historiquement implanté à Clermont-Ferrand, Michelin avait développé son activité dans l'ouest de la France, participant à son industrialisation et son désenclavement. Dans l'archive de 1967 ci-dessous, l'entreprise faisait par exemple partie des dizaines de firmes de l'industrie automobile à investir en territoire breton avec son usine de Vannes, ouverte en 1963. Celle de Cholet, dans les Pays-de-la-Loire date de 1970.
Industrialiser pour endiguer l'exode rural
1967 - 03:30 - vidéo
Au cours de ces deux décennies, l'industrie automobile connait un âge d'or et la demande en pneus monte en flèche pour Michelin. La construction en 1972, de l'usine de La Roche-sur-Yon complétait une chaine de production déjà bien implantée dans l'ouest de la France.
Comme on l'entend dans l'archive en tête d'article, l'annonce d'un nouveau site était accueillie avec enthousiasme. La ville, qui espérait un retour sur investissement à moyen terme, finançait le terrassement du terrain, lignes électriques et conduites d'eau de la future usine, le terrain lui avait été cédé « à des conditions avantageuses par la municipalité » et l'entreprise avait été exonérée de taxe d'équipement.
« Je pense qu'avec notre nouvelle usine de La Roche-sur-Yon, nous commençons à peser sérieusement dans l'économie de l'ouest de la France ». Responsable chez Michelin, monsieur Verdet (*) énumérait : « Puisque notre usine de Vannes, notre usine de Tours, notre usine de Cholet, notre usine de Poitiers et maintenant notre usine de La Roche-sur-Yon, ça fait donc cinq usines fabriquant du pneu, des pneus tourisme, du pneu poids lourds, du câble. Tout ça forme un tout, une chaîne cohérente. Et je crois que nous nous commençons à irriguer l'économie de l'ouest de la France. »
(*) La fonction de la personne interviewée n'est pas mentionnée.