Moins d’une semaine après la mort de Jean-Paul Belmondo, plus bel ambassadeur de la boxe en France, ce sport, autrefois très populaire dans l’Hexagone, fête son grand retour au stade Roland Garros. La dernière fois qu'on s'était battu sur le court Central, c'était il y a près près de 50 ans, en 1973, pour le match opposant Jean-Claude Bouttier à Carlos Monzón, pour le titre mondial. L'affiche de ce vendredi soir n'est pas aussi prestigieuse, mais elle promet tout de même un sacré spectacle, avec, sous le nouveau toit rétractable du Central, une réunion de boxeurs, parmi lesquels le Français Tony Yoka, champion olympique en 2016.
Cette soirée boxe à Roland Garros nous rappelle en effet qu’il fut un temps où ce temple du tennis vibrait devant les exploits de ces gladiateurs des temps modernes. Au début des années 1970, c'était à Roland Garros qu'il fallait aller pour assister aux matchs d'un jeune prodige français, Jean-Claude Bouttier.
A commencer par celui qui l'opposait à l'Italio-argentin Carlo Duran, bien plus aguerri que lui. Ce match, résumé dans l'archive en tête de l'article, se déroulait devant 14 000 spectateurs, le 9 juin 1971. Jean-Claude Bouttier, alors âgé de 27 ans, était tout juste auréolé de son titre de champion de France des poids moyens, obtenu le 11 janvier 1971 face à Pascal Di Benedetto, au Palais des Sports de Paris. Mais il avait fort à faire devant ce boxeur argentin de 35 ans, mesurant 1, 75 m pour 72 kilos, venu à Paris remettre en jeu son titre de champion d’Europe des poids moyens décroché l'année précédente.
Coup terrible
Dans l’ambiance survoltée du Central, la « 3e reprise allait être décisive. Grâce à un splendide crochet du droit à la mâchoire », le Français envoyait Duran au tapis, et l’arbitre comptait 8 avant la reprise du combat. « Bouttier accélérait alors l’allure, et sur une série reçue dans la face, l’Argentin retournait au tapis. » Devant cette maîtrise de Bouttier, le public croyait déjà à la victoire de son héros. Mais c’était sans compter sur la force de caractère de Duran, dont « le métier lui permettait de chasser les mauvais coups reçus ». L’Argentin remis en selle, reprenait le combat, même si le Français, « sauf coup de théâtre, ne pouvait plus être battu ». Malgré cela, « la rencontre atteignait une intensité émouvante, et Bouttier enchaînait les coups, malgré l’avantage de taille et d’allonge de son rival ».
Alors, pour la troisième fois, alors que les boxeurs en étaient au 12e round, le champion tricolore assénait un coup terrible à l’Argentin, un droit à la mâchoire qui l’envoyait à nouveau compter les étoiles. La fin du match devait être à l’image de ce match magnifique. Au 15e round, en grand sportif, Carlo Duran soulevait lui-même le bras de son challenger, signifiant ainsi qu'il acceptait sa défaite. Jean-Claude Bouttier devenait ce soi-là le nouveau champion d’Europe des poids moyens.
Un titre très vite remis en question, le 20 décembre 1971, au Palais des Sports de Paris, face au Britannique Buddy « Bunny » Sterling. Un combat qu'il remportait finalement par KO au 14e round, au terme d’un match éprouvant où il était mené aux points à deux reprises de la fin du combat.
Retransmission du championnat du monde poids-mo...
1973 - 03:22 - vidéo
Bouttier, sacré par L’Equipe « champion des champions de l’année 1971 », accédait alors à une grande notoriété en France. Grand ami d’Alain Delon, sa carrière culminait en 1972 et 1973, à l'occasion de deux matchs épiques contre l’Argentin Carlos Monzón pour le titre mondial. Bouttier devait abandonner le premier match, joué à Colombes le 17 juin 1972 à la 13e reprise, en raison d’une hémorragie interne. L’année d’après, la revanche avait lieu à Roland Garros, et le Français s’inclinait aux points face à Monzón.
A nouveau champion d’Europe en 1974, Jean-Claude Bouttier demeure à ce jour l’un des plus grands boxeurs français, et l’un des grands noms du circuit mondial de boxe au début des années 1970. Après avoir raccroché les gants, il devient chroniqueur sportif à Canal+. Il s'est éteint le 3 août 2019, à l’âge de 74 ans.