José Artur, né en 1927, se destinait à une carrière de comédien, c'est finalement à la radio, à partir de 1951, qu'il déploiera tout son talent d'animateur. Mais sa voix reste associée à une émission culte de France Inter, un magazine consacré à la culture au sens large. Le Pop Club qu'il anime à partir de 1965, de 22h00 à minuit, parfois plus tard. Le théâtre, le cinéma, la musique, l'art sous toutes ses formes s'y retrouvent.
Dans ce reportage du 10 juin 1970, le Pop Club fête ses cinq ans et sa 1212ème émission, et du beau monde se succède au micro de José Artur : Françoise Hardy, Paul Meurisse, Jacques Martin, Johnny Hallyday, Costa Gavras, Eddie Barclay, François Perrier, Darry Cowl, en fond sonore, le générique de Claude Bolling, interprété par les Parisiennes. L'animateur José Artur explique les difficultés et les objectifs de son magazine :
"Je leur envoie des vacheries mais ça me permet de leur dire, un jour, quand je les ai aimés au théâtre ou au cinéma, là tu as été formidable et ils savent que je ne mens pas à ce moment-là… De temps en temps, c'est pas bon, à mon avis, subjectivement. Je le dis. Et quand c'est bon, je le dis aussi. J'essaye dans ce métier, où on n'est pas toujours sincère, d'être un petit peu plus honnête que les autres. J'ai eu des gens qui sortaient de prison, j'ai eu des ministres… sûrement des gens qui vont y entrer…"
Avec Sophie Daumier et Guy Bedos, le 1er décembre 1966
L'interview-monologue
Maniant l'art de l'interview avec maestria, ou comme il le disait lui-même avec auto-dérision à Bernard Pivot dans l'émission Apostrophes en 1989, "l'interview-monologue", José Artur accueille ses invités en direct et parvient à les mettre à l'aise, les bousculer parfois mais toujours dans la décontraction et avec une grande liberté de ton. "Je laisse parler quand c'est intéressant…"
Chaque soir, après le spectacle, le Pop Club est le lieu, plutôt que l'émission, où les noctambules viennent se détendre autour d'un verre et deviser sur leur actualité ou celle des autres. Autour du micro, c'est toujours la surprise qui domine. Le politicien, rencontre le malfrat, le chanteur dialogue avec un auteur, le critique de cinéma rencontre son cinéaste préféré ou pas… et l'auditeur se délecte de ces rencontres improbables, sans langue de bois.
Autre particularité de ce "talk-show" avant-gardiste, son lieu d'enregistrement. L'animateur abandonne les studios exigus et sombres pour poser son micro dans le Bar Noir au Ranelagh ou, plus tard, il ralliera le célèbre restaurant Le Fouquet's. Et quand vient la saison des festivals, on le retrouvera au plus près des artistes et des lieux de création, à Cannes, à Marciac ou ailleurs…
L'animateur sait reconnaître les talents mais pas seulement chez ses invités, ses collaborateurs et chroniqueurs deviendront eux aussi les grandes voix de France Inter, les talents, il les déniche sans jamais se tromper : Claude Villers, Eve Ruggieri, Gérard Klein, Bernard Lenoir, Patrice Blanc-Francard… Guy Bedos...
Des génériques inoubliables
Et personne n'a oublié les multiples génériques de son émission, qu'il faisait parfois chanter par ses invités. Le célébrissime air jazzy composé par Claude Bolling et interprété par les Parisiennes. "Vingt-quatre heures sur vingt-quatre, la vie serait bien dure, si l’on n’avait pas le Pop club, avec José Artur"…
Ou cette version très sixties, Gainsbourg susurrant "l’azur l’azur l’azur", tandis que Jane Birkin lui répond : "José Artur".
Dans les années 1980, c'est le groupe Chagrin d’Amour et sa chanteuse Valli qui rappe "Avec José, t’as le teint rosé" !
Enfin c’est Pierre Perret et son fameux mot d’ordre : "Prenez une bouffée d’air pur, écoutez José Artur".
Pour aller plus loin
Maria Callas au Pop Club (6 décembre 1970)
Reportage de Jacques Sallebert consacré au Pop club et à ses invités, en direct du Bar Noir, au Ranelagh. (12 février 1973 )
Décès de Josée Artur (20h00 de F2, 24 janvier 2015)
Plus de contenus sur José Artur et le Pop Club
Florence Dartois
Sur le même sujet