C’est un prodige du piano qui vient de disparaître. A 77 ans, le Brésilien Nelson Freire est décédé à son domicile de Rio de Janeiro, dans la nuit du 1er novembre.
Né le 18 octobre 1944 à Boa Esperança, une petite ville du sud-est du Brésil, Nelson Freire est un enfant chétif et malade. En 2004, il confiait au Monde avoir trouvé dans le jeu du piano l’unique remède à son mal-être : « Je suis presque né mort. Allergique à la vie et ne supportant aucune nourriture. Sous protection constante et tous jeux interdits. Mon père a éprouvé, plus tard, le besoin d’écrire une longue lettre pour me raconter ce calvaire de ma petite enfance, dont le piano, que jouait ma sœur aînée, était le seul palliatif. »
Son génie précoce entraîne le déménagement de la famille à Rio de Janeiro, où il suit les cours de Nise Obino. Féru de Chopin dès l’âge de 11 ans, il enchaîne les reconnaissances et obtient une bourse qui l’envoie en Europe, à Vienne, en 1959. A 20 ans, en 1964, il reçoit la médaille Dinu Lipatti à Londres et remporte le concours Vianna-da-Motta à Lisbonne. Dans l’archive présentée en tête d’article, on le découvre en 1969, âgé de 25 ans (Peter Ustinov se trompe en le présentant comme âgé de 21 ans), interpréter la "Barcarolle en fa dièse majeur, Opus 60". Il s’agit de sa première prestation sur une chaîne de télévision française.
Rentré au Brésil dès 1962, Freire enregistrera quelques disques entrés dans l’histoire de la musique classique, de la "Deuxième suite pour deux pianos de Rachmaninov" en 1983, en duo avec l’Argentine Martha Argerich, à deux enregistrements Chopin (2002) et Schumann (2003), gravés pour Decca, qui connurent un succès international retentissant.