Dans ses films, Alfred Hitchcock aimait manier l'humour noir, mais pas seulement... Dans la vraie vie aussi ! Ainsi, dans cette interview réalisée pour le journal télévisé de 20h00 du 28 septembre 1969, le maître du suspens répond à des questions dans plusieurs endroits symboliques de Paris. Ses réponses sont notées sur des petits bouts de papiers qu'il lit en français.
Pour la première question qui concerna la gastronomie française et son goût pour la nourriture, le cinéaste se poste devant une vespasienne et répond : "Je n'ai jamais faim. Pour moi, manger est une obligation mondaine. Je ne me soucie pas du plat dans lequel je mange..."
A une terrasse de café, petit papier dans une main, cigarette dans l'autre, il évoque son dernier film L’Étau : "C'est une histoire d'espionnage… un peu dans l'esprit que j'ai réalisé dans le temps avec Cary Grant et Ingrid Bergman, Les enchainés..." (Notorious) Puis il mange le papier !
Toujours plus délirant, dans une boucherie ! Il découpe un morceau de viande et y trouve un bout de papier sur lequel il lit sa relation aux femmes : "Les gens ont tort de penser que je n'aime pas les femmes. Je n'aime pas les hommes non plus. Je suis effectivement un solitaire. Dans mes films, les femmes sont un mal nécessaire. Dans ma vie privée, il n'y en a qu'une et c'est la seule depuis ma mère. Et c'est un bien nécessaire."
Enfin, sortant d'un taxi parisien, il répond à la question. "Etes-vous un homme heureux ?" C'est le chauffeur du taxi qui lui tend sa réponse, toujours notée sur un petit papier. Une réponse étonnante pour cet homme de cinéma : "Je suis un homme heureux quand je ne fais pas de cinéma."
Pour aller plus loin
François Truffaut à propos d'Alfred Hitchcock (Apostrophes, 13 avril 1984)
Florence Dartois
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