Le plan Calcul. Un programme qui fleure bon les Trente-Glorieuses, avec leurs conquêtes industrielles et technologiques, du Concorde au TGV en passant par la création du centre national d'études spatiales (CNES) ou du développement de l'industrie nucléaire.
En 1966, alors que deux ans plus tôt la seule marque française à construire des ordinateurs, Bull, est passée en partie sous le contrôle du géant américain General Electric, les ministres Michel Debré et Pierre Messmer proposent au général de Gaulle et à son Premier ministre George Pompidou de constituer une industrie de l'ordinateur et plus généralement des techniques de l'information qui puisse assurer l'autonomie français et européenne dans ce domaine jugé stratégique.
Deux ans plus tard, les travaux lancés par le plan Calcul aboutissaient notamment à la réalisation de l'ordinateur Iris 50, développé par la Compagnie internationale pour l'informatique (CII) pour un public professionnel. Le 25 septembre 1968, l'émission Eurêka donnait la parole à l'un de ses ingénieurs :
« Nous avons voulu faire un calculateur universel. C'est une caractéristique de l'Iris 50 et c'est une caractéristique générale de toute la gamme Iris. Quand on dit "universel", c'est-à-dire que ce sont des ordinateurs qui peuvent être utilisés aussi bien en calcul scientifique qu'en gestion, ou qu'en application industrielle dans les usines. »
Puis vient la description à proprement parler du produit : « Iris 50 est composé d'abord d'une unité centrale, où se font les opérations de calcul, de blocs de mémoire, où l'on mémorise aussi bien les programmes que les données, de canaux d'entrée et de sortie, par laquelle on alimente l'unité centrale et grâce auxquelles peuvent sortir les informations, et d'organes périphériques, qui permettent la communication entre l'homme et le système. »
Après cette première réussite, qui se révélera bien plus certaine d'un point de vue technique que commercial, les ambitions du plan Calcul en matière d'ordinateurs sont importantes : « Nous préparons le complément de la gamme Iris et les ordinateurs que nous serons à même de mettre sur le marché entre 1972 et 1975. C'est aussi une partie importante du plan Calcul. Le plan Calcul n'est pas une opération limitée, mais une opération à longue échéance. »
Des ambitions qui vont de pair avec une conscience très aiguë de l'importance fondamentale de l'informatique dans les décennies à venir : « La place de l'ordinateur dans 10 ans, je la vois aussi importance que la place qu'a prise l'électricité en cinquante ans dans notre vie courante. On peut dire que l'ordinateur fera partie de notre vie de tous les jours. Sans le comparer à un vêtement, il aura influencé même notre mode de comportement. »