Qu'on ne s'y trompe pas, "La vache à mille francs", magnifiquement interprétée par Jean Poiret dans l'émission "Le palmarès des chansons", ce 10 novembre 1966, est plus qu'une bluette inspirée de la célèbre "Valse à mille temps" de Jacques Brel. Grâce au rythme entêtant d'une valse, l'artiste décrit avec son humour décalé habituel la valse des étiquettes dont étaient victimes des Français à la fin des années 1960. En un mot : l'inflation galopante. Un véritable fléau pour le pouvoir d'achat d'une partie de la population. Dans cette parodie, Jean Poiret dénonce très habilement, sans en avoir l'air, quoique... les abus criants des différents protagonistes de la chaîne de distribution, en l’occurrence ici, la filière bovine. De l'abattoir au transporteur, en passant par les ministres... Personne n'échappera à la critique vacharde de l'artiste.
Notre pauvre vache, elle, malheureuse héroïne sacrifiée de cette comptine, va en voir de toutes les "étiquettes" avant de se retrouver dans l'assiette du consommateur. Ecoutez bien les paroles de cette succulente dénonciation, elles raisonneront fortement avec l'actualité et les plaintes permanentes des producteurs spoliés par l'avidité des distributeurs.
"De la vache à 5 000 francs, ça deviendra un placement, avec mes lingots d'or dans mon grand coffre fort j’entasserai des rumstecks...". C'est dans une logorrhée endiablée que Jean Poiret achèvera sa brillante diatribe musicale et sa dénonciation des abus de la société de consommation.