"Aujourd'hui peut-être", c'est ce que chantait avec humour et faconde Fernand Sardou, en 1966, sur le plateau de "Palmarès des chansons". "Aujourd'hui, peut-être", écrite par Paul Durand et Marcel Sicard, fut chantée par Sardou par la première fois en 1946, et s'imposa comme l'un des grands succès de l'Après-guerre. Reprenant avec tendresse les clichés du méridional fainéant, à qui « ce sacré soleil [me] donne la flemme », la chanson prenait le contre-pied d'une France vouée à la reconstruction et espérant le retour de la croissance.
Devant ma maison y a un pin terrible
Dont la grosse branche pourrait bien tomber
Sur mon pauvre toit, quelle belle cible
Cette branche-là, je vais la couper
Aujourd'hui peut-être, ou alors demain
Ce sacré soleil me donne la flemme
Je la couperai après-demain
Et si je peux pas la couper moi-même
Je demanderai à l'ami Tonin
Qui la coupera aussi bien lui-même
Ce n'est pas qu'on soit feignant par ici
Mais il fait si chaud dans notre Midi
Si j'avais dit à mon père
Qu'un jour je chanterai sa chanson dans un endroit pareil
Il m'aurait pris pour un fou
J'ai de beaux lapins, des lapins superbes
Mais ils ont toujours envie de manger
Il faut tout le temps leur couper de l'herbe
Et je devrais bien leur en ramasser
Aujourd'hui peut-être, ou alors demain
Ces sacrés lapins me donnent la flemme
Je la couperai après-demain
Et si je peux pas la couper moi-même
Hé bé je lâcherai tous mes beaux lapins
Qui la couperont aussi bien eux-mêmes
Ce n'est pas qu'on soit feignant par ici
Mais la terre est basse dans notre Midi
Le soir de mes noces avec Thérèse
Non, mais c'est fini oui
Quand on s'est trouvé tout déshabillés
En sentant frémir son beau corps de braise
Je me suis pensé je vais l'embrasser
Aujourd'hui peut-être, ou alors demain
Moi les émotions, ça me rend tout blême
Je l'embrasserai après demain
Et si je peux pas l'embrasser moi-même
Mais soudain ça m'a pris au petit matin
On est déchaîné chez nous quand on aime
Et deux mois après j'avais trois petits
Nous sommes les rois dans notre Midi