L'ancien président algérien Abdelaziz Bouteflika, chassé du pouvoir en 2019 après des manifestations massives contre sa volonté de briguer un cinquième mandat, est mort vendredi 17 septembre à l’âge de 84 ans.
Avant d'accéder à la présidence de l'Algérie en 1999 à l'âge de 62 ans, Abdelaziz Bouteflika a déjà connu l'ivresse du pouvoir. De l'indépendance du pays en 1962 à la mort du président Boumédiène, en 1978, le jeune Bouteflika a occupé de prestigieuses fonctions au sommet de l'Etat. Celle, surtout, de ministre des Affaires étrangères, de 1963 à 1979.
C'est à ce poste que le journaliste français Christian Bernadac le retrouve en 1965, au lendemain du coup d'état mené par Houari Boumédiène contre le président Ben Bella.
« Entrailles du peuple »
Le jeune ministre de 28 ans, qui a vécu la guerre d'Algérie au coeur du clan d'Oujda, ce groupe mené par Houari Boumédiène, défend ce dernier, accusé par les médias internationaux d'avoir renversé le président Ben Bella, au pouvoir depuis l'indépendance en 1962. Il réfute la vision des faits présentée par Christian Bernadac :
« Vous avez parlé de putsch, il faudrait qu'il soit absolument entendu que dans ce pays, l'armée nationale populaire est la fidèle et digne héritière de l'armée de libération nationale [...]. Dans ce pays, il n'y a pas une seule famille qui n'ait eu un fils, un père, un parent, dans l'armée de Libération nationale. C'est vous dire que nous sortons des entrailles du peuple, que nous appartenons profondément à ce peuple, et que rien ne nous séparera de ce peuple, c'est dire aussi que le terme putsch est un terme tout à fait impropre. »
Coup d'état
Et pourtant, c'est bien d'un putsch qu'il s'est agi le 19 juin 1965. Un coup d'Etat où la figure de Bouteflika occupe un rôle central. Ministre des Affaires étrangères du président Ben Bella depuis 1963, Bouteflika est renvoyé par Ben Bella, le 28 mai 1965, ce dernier sentant que l'emprise du clan d'Oujda sur son pouvoir se fait de plus en plus forte.
Selon « Jeune Afrique », les relations entre les deux hommes étaient devenues « exécrables » les mois précédant le coup d'Etat, le Président reprochant à son jeune ministre « de mener une diplomatie parallèle ».
Renvoyé par Ben Bella, Bouteflika en avise immédiatement Houari Boumédiène, en déplacement au Caire où il représente l'Algérie à la conférence des chefs de gouvernement arabes.
De retour à Alger, Boumédiène décide de renverser le président Ben Bella, permettant au clan Oujda de prendre le pouvoir. Logiquement, Houari Boumédiène devient le nouveau président, reconduisant son jeune protégé au portefeuille des Affaires étrangères.
Voix de l'Algérie
Dès lors, Abdelaziz Bouteflika porte la voix de l'Algérie à l'étranger, prenant plaisir aux déplacements internationaux qui lui permettent de nouer de nombreux contacts et de valoriser ses talents relationnels. La consécration de cette longue période diplomatique intervient en 1974. En tant que représentant de l'Algérie auprès de l'ONU, il est élu cette année-là président de la 29e session de l'Assemblée générale des Nations unies.
Pour aller plus loin :
Abdelaziz Bouteflika chez de Gaulle. Un sujet du JT ORTF du 31 octobre 1964.
Visite en France d'Abdelaziz Bouteflika. Un reportage du journal télévisé du 11 janvier 1974.
Abdelaziz Bouteflika à l'Elysée. Un sujet du JT de 20h de TF1 du 1er août 1978.
Abdelaziz Bouteflika et les Harkis. Un reportage du JT de 20h sur France 2 diffusé le 10 août 2004.