Le film en pleine fabrication a déjà tout pour plaire, en premier lieu son casting de rêve, avec Jean Marais dans le rôle de François de Capestang alias Le Capitan, ou Bourvil dans celui Cogolin et ses nombreux duels, poursuites et chevauchées. Les prises de vue se déroulent ce jour-là en forêt de Fontainebleau où le comédien s'apprête à tourner une scène d'action. Et l'on va apprendre qu'il tourne toutes les cascades lui-même, comme le fera plus tard un Jean-Paul Belmondo ou plus près de nous, Tom Cruise.
"Jean Marais, vous avez refusé de vous faire doubler pour les scènes dangereuses non seulement du "Bossu", mais également du "Capitan" que vous tournez actuellement. Est-ce que ceci correspondent chez vous à un besoin profond et est-ce que ce que ce goût du risque, vous l'avez toujours eu? " ? lui demande le reporter étonné.
"Non, je n'ai pas toujours eu le goût du risque. Quand j'étais enfant, j'étais très peureux. Et c'est justement pour ça que, à l'heure actuelle, j'ai le goût du risque, parce que j'ai souffert de la peur et que j'ai voulu me corriger de la peur. Et que je me suis obligé étant enfant à faire toutes les choses qui pouvaient faire peur. Petit à petit, j'en ai pris le goût et je continue".
"Je ne suis pas aussi bien que les personnages que je joue"
Le journaliste l'interroge, "Est-ce qu'il vous arrive tout de même de penser au danger ? En un mot, d'avoir encore peur maintenant ?
La réponse du comédien dans son costume Louis III est sans appel, "non, d'ailleurs, par exemple, dans des moments comme pendant la guerre, j'ai essayé de me prouver que je pouvais avoir peur et je me suis mis dans toutes les occasions qui pouvaient faire peur. J'ai constaté que c'était une chose que je ne savais plus". Il poursuit assez satisfait de lui visiblement, "je ne crois pas avoir des complexes et j'aime vivre. Oui mais ça ne correspond pas exactement à moi. Je ne suis pas aussi bien que les personnages que je joue, c'est certain" !
"Mais ils représentent pour vous un idéal" ? lui demande encore le reporter.
"Un idéal, non, moi je fais ce genre de films comme on s'amuse, comme on joue à l'école, dans une cour. D'ailleurs, c'est pour ça que je trouve le terme jouer pour un acteur parfait. Enfant, je jouais dans la cour de collège à imiter les acteurs et je continue à jouer. Je m'amuse dans la vie et c'est peut-être à mon âge un défaut, mais je suis très heureux à cause de cela".
"Je ne suis pas fait à pour les choses graves"
Le journaliste poursuit sur cette notion d'amusement, "vous dites que vous adoptez une attitude parce qu'elle vous amuse. Est-ce que nous devons comprendre que votre mode de vie est dominé presque essentiellement par le besoin d'amusement ? Le terme étant bien entendu pris dans son sens le plus large"?
Jean Marais ne dénie pas, "oui, je crois. Je ne fais que ce qui m'amuse". L journaliste ajoute en plaisantant, "vous faites des envieux ! " et le comédien fait son mea-culpa avec amusement, "Ben, j'en ai presque honte ! Parce qu'il y a des choses plus graves dans la vie mais je ne suis pas fait à pour les choses graves. Je ne suis pas une personne assez bien pour ça".
Le journaliste termine son sujet sur des images de duel, "je vous avais annoncé des duels, en voici ! Le Capitan est aux prises avec d'infâmes spadassins et constatez qu'ils ne lui font pas peur et qu'il se tirera avec brio de cette vilaine affaire".
Synopsis
1616. Marie de Médicis assure la régence du royaume de France en compagnie de son amant Concino Concini qu'elle nomme Premier ministre. Mais ce dernier conspire pour éliminer le souverain (Louis XIII) adolescent et attise l'insécurité générale dans le pays. Refusant cette situation, le Chevalier François de Crémazingues de Capestang se rend au conseil de la province où les nobles se sont rassemblés pour envisager des actions contre le Premier ministre...
Pour aller plus loin
Images muettes du tournage. (juin 1960)
Discorama : André Hunebelle à propos du film. Claude Darget interviewe le cinéaste à propos de son film. Le cinéaste évoque les "films de mouvement", du fait que Jean Marais, acteur principal du film, ne se fait pas doubler pour les scènes de combats. Il décrit aussi l'équilibre apporté par Jean Marais et Bourvil avec leurs qualités propres, sans oublier la fraîcheur de l'actrice Pierrette Bruno (Giuseppa), à ses côtés. (30 septembre 1960)