Nous avons retrouvé une archive rarissime de cette grande figure du cinéma américain. Ce 9 décembre 1956, Gary Cooper et Billy Wilder tournent à la gare de Lyon une scène du prochain film du réalisateur. Entre deux prises, Billy Wilder accepte de répondre à une courte interview pour le magazine télévisé "Cinépanorama". Dans le wagon restaurant d'un train, le cinéaste d'origine autrichienne devise en français sur son parcours européen, avant son départ pour les Etats-Unis, à l'arrivée d'Hitler au pouvoir. Tout en sirotant son café, il explique qu'il adapte cette fois le roman intitulé "Ariane une jeune fille russe" qui n'a pas encore de titre français. Au cours de l'entretien, son acteur vedette se joint à la conversation. Très élégant, feutre vissé sur la tête, il s’assoit discrètement près de lui et écoute la conversation à laquelle il ne comprends pas un traître mot. Le journaliste ravi de sa présence demande à Billy Wilder si la réputation de mutisme de l'acteur est justifiée ? Le réalisateur confie que l'acteur, certes peu loquace, est toujours pertinent : "Quand il ouvre la bouche, il dit toujours quelque chose. S'il n'y a rien à dire, il ne parle pas et j'adore ça". Il plaisante, "comme ça, ça me donne la chance de parler tout le temps moi-même".
Le cinéaste explique que son comédien, lorsqu'il "ouvre la bouche" dit des choses "très intelligentes" et qu'il est au fait "de la situation mondiale". Près de lui, Gary Cooper, toujours silencieux, tend l'oreille. Il ne comprend pas un mot mais sourit. Billy Wilder lui sert un café et revient sur leur rencontre. Il a déjà écrit deux films pour lui, mais c'est la première fois qu'il le met en scène. Le cinéaste ne tarie pas d'éloges sur cet homme ponctuel, charmant et poli, avant d'évoquer l'amplitude de son jeu pouvant passer du cowboy au légionnaire...
En fin d'interview, lorsque le journaliste remercie ironiquement l'acteur qui n'a pas ouvert la bouche : "Merci, c'était très intéressant", Gary Cooper répond avec autant d'ironie, et en français : "Ça ne vaut même pas la peine d'en parler"... sous le regard amusé de son ami réalisateur.