« Pour la première fois depuis six ans, les enfants vont apprendre à lire sans redouter le bruit des sirènes, le fracas des bombes. Il faut que ce petit monde grandisse et s'instruise en paix ».
Ces enfants souriants devant les caméras venaient pourtant d'affronter six années d'un conflit mondial meurtrier où nombre d'entre eux avaient sans doute perdu un parent, un ami et la sécurité matérielle. Une rentrée particulière filmée par les Actualités françaises en ce 1er octobre 1945.
Souliers vernis, serre-têtes, jupes plissées pour les filles. Chemises, vestes et bermudas de flanelle pour les garçons, chacun avait revêtu ses plus beaux vêtements.
« Le premier jour, c'est merveilleux comme on est sage. Les maximes les plus sévères sont avalées avec le sourire », précise le reporter et pour cause, faute de moyens, le professeur inscrit à la craie sur le tableau noire l'intention prévue pour cette année de reprise : « Travaillez, prenez de la peine ».
Une pensée recopiée consciencieusement en jolis caractères sur les ardoises des écoliers.
Le commentaire précise cependant le contexte de ce retour à l'école pas comme les autres. Une reprise nécessaire mais où, pénurie oblige, peu de moyens étaient encore disponibles pour délivrer un enseignement satisfaisant : « Rentrée de fait, mais encore rentrée de crise. Leur trouvera-t-on des livres, des crayons, des cahiers et des souliers ? »
Le pays devait se reconstruire et l'école montrer l'exemple.