Né le 1er février 1921 à Pékin, et mort le 9 avril 2013 (à 93 ans) à Nyon, Zao Wou-Ki est un peintre et graveur chinois naturalisé français en 1964.
Adolescent, Zao Wou-Ki se rêve artiste. Il débute avec la peinture sur céramique mais il raconte lui-même qu'il est tellement mauvais qu'il décide de faire l'école des Beaux-Arts. Son père va croire en lui malgré des débuts chaotiques et financer sa première exposition. Dans cette vidéo, l'artiste compare ensuite avec humour l'alphabet occidental à… "de la pisse de cheval qui aurait laissé des traces sur le sable…". cette comparaison ne vient pas de lui mais de la culture chinoise, ce qui l'amuse au plus haut point.
Ses débuts artistiques en Chine, ses origines
Zao Wou-Ki quitte la Chine en 1948 pour venir à Paris. Il se partagera ensuite entre la France et les Etats-Unis. Il sera aussi mobile que "l'art vivant" qu'il incarne à merveille. D'ailleurs son nom signifie "sans limite". A l'occasion d'une exposition qu'il lui consacre, le Musée d'Art moderne écrit de lui : "Son œuvre traverse les débats esthétiques qui marquent le développement de l’art moderne et, s’il appartient à une scène parisienne qu'il apprécie, il perçoit très tôt la vitalité de la peinture américaine. Progressivement, il renoue aussi avec certains traits de la peinture chinoise dont il s’était écarté de façon volontaire."
En 1961 à propos de sa ville natale Pékin.
En 1974, il évoquait ses origines chinoises : "Je vis en France, mais en pensée, je me sens profondément chinois." Il insiste aussi son éducation familiale.
Peintre de l'Orient en Occident
Dès les années 1950, il est rattaché à la nouvelle École de Paris, puis à l'abstraction lyrique.
Curieux et amoureux de la nature qu'il peint comme personne, il préfère justement le mot "nature" à "paysage". Sa peinture s'inspire de ses voyages et découvertes mais aussi de ses rencontres avec des artistes et penseurs célèbres de son temps tels Henri Michaux et le compositeur Edgar Varèse. Ainsi poésie et musique constitueront le socle de son œuvre qui fait de lui l'un des plus grands artistes universels du XXe siècle.
L'artiste décrit ici quelques-unes de ses premières œuvres très figuratives et l'influence de Cézanne dans ses représentations de la nature. C'est lui qui lui a ouvert la voie… " Il m'a ouvert mon propre regard".
Dans cette vidéo, tournée chez lui dans son atelier du 14e arrondissement de Paris, l'artiste parle de la façon dont les peintres sont considérés en Chine, de la différence entre l'artiste en Orient et en Occident et de sa façon de travailler. Il explique notamment pourquoi il retourne toujours ses œuvres face contre le mur… "Je vis avec la peinture des autres…"
En 1969, Zao Wou-Ki définit la peinture : "On s'en fout de l'école, de l'abstrait ou du figuratif… L'essentiel c'est de regarder une peinture : "Ça te touche ou ça ne te touche pas".
La Chine reconnait son talent
En 1983, Zao Wou-Ki expose pour la première fois à Pékin depuis son départ de la Chine en 1948. A cette occasion, il s'entretient avec Pierre Daix. Dans son atelier, il explique sa technique de peinture, inspirée des principes de la calligraphie, puis il déroule un parchemin ancien calligraphié par un moine au 8ème siècle et explique que même si on ne comprend pas le texte, c'est un morceau d'art pur.
En 1998, Shanghai consacre une rétrospective à Zao Wou-Ki, exilé en France depuis 50 ans. Un retour aux sources rempli d'émotions.
Chinois de naissance, Français par l'âme et le cœur, paradoxalement Zao Wou-Ki est devenu l'un des plus grands peintres modernes de l'Occident. En 1992, à la galerie Artcurial de Paris, il déclarait : "C'est depuis que je suis en France et que j'ai vu la peinture occidentale que je comprends mieux la peinture. Cézanne m'a donné une voie plus libre".
Pour aller plus loin
Zao Wou-Ki en 1974 pour l'émission Personnages de la vie, devant une oeuvre de jeunesse
Zao Wou-Ki sur la calligraphie (1969)
En 1988, dans Apostrophes, à l'occasion de son Autoportrait qu'il vient d'écrire avec sa femme Françoise Marquet, Zao Wou-Ki dit pourquoi il a choisi la France comme lieu d'exil. Il évoque son arrivée à Paris, le Louvre, les Françaises, sa peinture et les influences qu'il reconnait avoir subies, et son retour en Chine.
Personnages de la vie : Zao Wou-Ki. Portrait. (1974, Premium)
Rencontre du peintre dans son atelier en 1992.
En 2010, La Riche inaugure des vitraux de Zao Wou-Ki au prieuré St Cosme.
Radioscopie : Jacques Chancel reçoit le peintre Zao Wou-Ki (audio, 4 octobre 1988, Premium)