La vieille-ville de Jérusalem, et plus particulièrement l'esplanade des mosquées, a été en proie à des violences entre le 7 et le 10 mai 2021. Des affrontements entre Palestiniens et policiers israéliens ont fait plus de 500 blessés. L'un des vecteurs de ces violences est le sort de familles palestiniennes d'un quartier arabe de la ville qui sont menacées d'expulsion au profit de colons juifs.
Il est question ici de cohabitation et d'imbrication. Cet extrait de l'émission d'Antenne 2 Géopolis de 1993 l'illustre parfaitement : la présence des deux peuples dans la même ville donne corps à cet échange, véritable dialogue de sourds, entre un Palestinien musulman né à Jérusalem et un juif américain nationaliste.
"J'ai le droit de vivre ici librement et c'est vous qui devez me demander la permission de vivre ici", lui dit le musulman.
"Vous n'êtes pas un juif, vous n'appartenez pas à Israël", répond le jeune homme.
"Jérusalem m'est chère, comme aux juifs et aux chrétiens"
"Vous n'avez rien à faire ici".
Statu quo et provocation
Les deux hommes ne parviennent pas à trouver un terrain d'entente. Nafez, le musulman, poursuit alors son chemin jusqu'à l'esplanade des mosquées, théâtre donc des derniers accrochages entre policiers israéliens et Palestiniens.
La zone qui s'étend sur 14 hectares est le troisième lieu le plus sacré de l'Islam, mais aussi, et on le dit moins, le site le plus sacré du judaïsme. L'esplanade qui surplombe la vieille ville de Jérusalem est située dans le secteur palestinien, occupé et annexé par Israël depuis 1967. Le site abrite le Dôme du Rocher et la mosquée Al-Aqsa. Le Dôme du Rocher se dresse sur le rocher d'où le prophète serait monté aux cieux. Mais l'esplanade est également bâtie sur le site du Temple juif détruit par les Romains en l'an 70 et dont l'unique vestige, le mur des Lamentations, est situé en contrebas. Elle est appelée le Mont du Temple par les Juifs. Mais la plupart des fidèles ne s'y rendent pas car le rabbinat leur en interdit l'accès. C'est l'armée israélienne qui gère l'accès du lieu. Depuis 1967, les règles tacites autorisent les Musulmans à y monter (selon les conditions) et les Juifs à y pénétrer à certaines heures mais sans y prier. Mais des ultranationalistes juifs provoquent régulièrement des incidents en entreprenant de briser ce statu quo et prier subrepticement sur l'esplanade après y être montés en simples visiteurs.
Cela crée des tensions avec les fidèles musulmans qui craignent qu'Israël ne tente de modifier les règles qui régissent l'accès à cette esplanade.
Par rapport aux dernières violences, les appels internationaux au calme se sont multipliés. Mais le premier ministre israélien Benjamin Netanyahou a salué la "fermeté" des forces de l'ordre pour garantir la "stabilité" à Jérusalem et l'Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas a elle dénoncé une "agression barbare" des forces israéliennes.
Pour aller plus loin :
La porte de Damas à Jérusalem, une "scène" médiatique du conflit israélo-palestinien