Alors que le gouvernement n’avait pas bougé jusque-là, malgré l'appel des syndicats et le blocage du pays, le 25 mai 1968, après une nuit d'émeutes particulièrement violentes, le Premier ministre Georges Pompidou accepte d'entamer un dialogue avec les syndicats et convoque une réunion tripartite entre gouvernement, patronat et syndicats. Les négociations vont durer plus de 25 heures, sur 2 jours.
Elles aboutissent le 27 mai au matin à des décisions essentielles sur des points cruciaux revendiqués par les travailleurs, même si le protocole d’accord final ne fut pas signé.
Au lendemain des Accords de Grenelle, le premier ministre détaille les mesures adoptées : augmentation du SMIG, des salaires, semaine de 40 heures, âge de la retraite assoupli, projet de loi sur les libertés syndicales…
- une augmentation du SMIG de 35 %, qui passe à 3 F (3,50 € environ),
- celle des salaires, de 10 % (7 % au 1er juin et 3 % en octobre),
- une réduction du temps de travail (objectif de ramener réellement la durée du travail à 40 heures, maximum abaissé de 2 heures à 48 heures).
- un engagement sur le droit syndical qui se traduit dans la loi du 27 décembre 68 par la création de la section syndicale d’entreprise et du délégué syndical dans les entreprises de 50 salariés et plus,
- un traitement des jours de grève par une possibilité de récupération dans l’année, avec une avance de 50 % du montant, acquis au 31 décembre en cas de non récupération.
Réactions ouvrière et syndicale aux accords
Les salariés de Renault en grève, auxquels les leaders CGT et CFDT présentent dans la journée les acquis obtenus, trouvent les résultats insuffisants.
Du côté du patronat aux accords, on est plutôt inquiet du coût de telles réformes…
Malgré des avancées certaines, la grève continue dans tout le pays.
Le pouvoir politique reprend la main
Le pouvoir politique semble évanescent, mais aucune alternative ne s’impose. Le général de Gaulle, après une phase de doute, reprend la main par la manifestation du 30 mai et dissout l’Assemblée. Progressivement, dans la première quinzaine de juin, le travail reprend.
Les élections législatives de juin redonnent une forte majorité au pouvoir en place.
Quel bilan des accords de Grenelle ?
Les mois suivants, après des négociations dans toutes les branches et les secteurs économiques, les mesures de Grenelle entreront toutes en application.
Elles apporteront une amélioration des conditions salariales, mais aussi créant de nouvelles possibilités de relations sociales dans les entreprises.
Elles aboutiront à la révision des conventions collectives. C’est une relance généralisée de la négociation et des groupes de reflexion, qui vont perdurer pendant presque 10 ans, jusqu'à la crise de 1977 et l'apparition du chômage de masse.
L'un des groupes de travail lancés par les accords de Grenelle aboutira à l’accord du 9 juillet 1970, instituant la formation professionnelle continue dans toutes les entreprises de 10 salariés et plus.